mercredi 31 juillet 2013

Dans le Cœur du Sujet


          Les relations avec Madame Aurore devinrent plus profondes et chacun de nous se préparait à exprimer ce qui lui passait par la tête en craignant l’explication franche et sincère au sujet de ce qu’il ressent dans son for intérieur. La sympathie que nous ressentions l’un pour l’autre et l’envie de se rencontrer étaient devenus des choses difficiles à repousser ou à arrêter. Pour ma part, je ressentais une forte envie de rester à ses côtés, et j’ai même souhaité être très proche d’elle.

          Nos rencontres se répétèrent et leurs moments et leurs endroits se multiplièrent jusqu’au jour – un jour férié officiel – dont elle profita pour me rendre visite à la tête d’un groupe d’étudiants et de collègues dont elle a pris prétexte pour un dessein qui ne les concerne pas, même s’ils eurent l’occasion de suivre un dialogue avec moi, et une rencontre sur les rivages des lettres et de la philosophie.

          C’est ainsi qu’un colloque eut lieu, grâce à Dieu, et quel colloque. Madame Aurore ouvrit le débat en me posant une question au sujet du doute et de l’épreuve de la connaissance, sans oublier d’accompagner ses paroles d’un cachet spécial de sourire et d’amabilité à travers les yeux tantôt et tantôt à travers les mots doux.

          J’ai répondu aussitôt: La crise du doute est le résultat d’une maladie cognitive, une honte perceptive, un manque flagrant de capacité et de lumière, un défaut sérieux de connaissance au sujet de l’apparition des choses et des facteurs qui poussent à leur existence.

          Ce problème est la mère de toutes les activités intellectuelles qui émanent des tentatives, du conscient au moyen des recherches sur la réalité de l’existence, et sur les suppositions possibles de la manière de son apparition. Du sein de cette réalité, la philosophie est sortie à la lumière, chancelante et titubante.

          Comme le Créateur est un être unique, le Dieu des mondes a décrété que la connaissance[1] ne doit avoir lieu que par la voie de Son inspiration et de Sa révélation.

          La révélation est l’inspiration de la Vérité finale, le signe de la miséricorde divine, l’aspect de l’attention divine. Elle est l’une des nécessités des relations existant entre l’être et celui qui l’a fait… Sans la révélation, l’aveuglement se serait répandu, l’égarement et la peur auraient régné et la corruption se serait étendue.

          Rien ne détourne de la mission, ou de la séparation entre le conscient et la lumière du conscient, que la perplexité, la peur, le doute, le désespoir, la mélancolie, la frustration, le découragement et la mauvaise foi[2]. Ce sont là les qualités du futile, qui le montrent, ses symptômes évidents et ses facteurs réprouvés. C’est pourquoi, la révélation a été une miséricorde pour les mondes par l’effet du commencement de chaque Sourate par le Nom de Dieu le Miséricordieux, le Clément.

          J’ajouterais qu’il n’y avait pas de place pour le doute dans l’esprit lorsque la disposition naturelle était au sommet de sa force et de son activité, de sa santé et de ses effets… De même, il n’y avait pas de place pour la mauvaise foi, le désespoir, l’envie pressante ou les lubies malsaines.

          Ce jour-là,  les gens étaient une seule communauté[3].  L’humanité a sauvegardé son unité jusqu’au jour où la corruption est réapparue et qu’elle a constitué en ce faisant une apparition insolente à laquelle l’esprit n’était pas habitué. Lorsque ce facteur s’est installé et qu’il s’est mélangé à ses habitudes et à ses qualités et qu’il s’est collationné avec ses traits[4] et ses mouvements, il a produit dans l’esprit le trouble et l’inquiétude; il l’a détourné vers le mal, vers la perversion et la vanité. L’esprit est ainsi devenu perplexe au tournant des chemins, hésitant au tournant des choses, appréhensif devant l’incompatibilité des choses, peureux et dans l’expectative, lorsque la rectitude dont il a été doté à ses débuts de la part de son Dieu a trouvé son contraire et un ennemi juré qui s’oppose à elle partout.

          C’est de là que le doute est parti, que la mauvaise foi a hurlé, que la peur et la tristesse ont apparu, que les gens sont devenus, après l’union, des factions qui se disputent.

          Le dessein de la religion, en tant que miséricorde accordée par le Créateur, le Très Haut, à toutes les créatures, se focalise sur le point de faire resurgir cette disposition naturelle en la purifiant de ce qu’elle a subi, de la libérer de ses défauts, de la soigner de tout ce qu’elle a enduré comme déchirures, désintégration et égarement. Sur cette base est venu l’appel à Dieu, le Majestueux, via une vocation purifiée visant à libérer l’esprit des obstacles qui barrent la voie à sa rectitude[5] et pour la sauver des calamités qui la font dévier et désespérer, afin qu’il revienne à son image originelle et à sa nature essentielle, et afin qu’il revienne satisfait à son parcours premier, pour accompagner la tendance universelle qui pousse toutes les choses qui existent dans leur soumission à Dieu, leur rectitude vis-à-vis de Sa grandeur et de Sa volonté, leur louange de Dieu et Sa sacralisation.

          «Dis: Ô vous les ignorants ! Allez-vous m’ordonner d’adorer un autre que Dieu» (Les Groupes, 64). 

          S’agissant de Dieu, loué soit Son nom, la transcendance du Très Haut n’est pas un éloignement et une rupture avec les créatures, mais une transcendance loin de la connaissance et des débats des gens.

          Le professeur de psychologie m’adressa une question pertinente: Le goût de la mort est-il le même pour tous ceux qui le goûtent, ou a-t-il des goûts et des saveurs différents.

          J’ai répondu: La mort est la même quand elle se produit et la même quand il s’agit des facteurs qui la réalisent ainsi que des facteurs qui dominent dans son monde. Mais la mort n’a pas le même goût et la même saveur. Car tandis qu’elle est suave pour certains, elle est une coloquinte et un chagrin pour d’autres[6].

          La mort a, pour celui qui l’a vécue avant de la rencontrer, un goût et une saveur différents, sans doute, par rapport à celui qui a vécu sans s’en soucier, sans en comprendre le sens, et sans s’y préparer.

          Le rappel de la mort diminue les angoisses et son oubli augmente les détresses et les douleurs.

          La mort est la question qui, lorsqu’on y pense, éclaircit les vérités de l’univers ainsi que les secrets de l’existence.

          C’est la question des Signes de laquelle Dieu a détourné les incrédules, les insoumis, les extravagants. Il a réservé Ses bénédictions aux dévots, aux justes qu’aucun commerce et qu’aucune vente ne détourne du Rappel de Dieu. «Écarte-toi donc de celui qui tourne le dos à notre Rappel et qui ne désire que la vie de ce monde. Voilà toute l’étendue de leur science ! Oui, ton Seigneur connaît parfaitement celui qui s’égare hors de son chemin et il connaît celui qui est bien dirigé» (L’Étoile, 29-30). 

          Il semble que la réponse n’a pas convaincu le professeur, et il a gardé à l’esprit quelques doutes. Il a demandé quel serait le cas si la question de la mort était autrement que ce que j’ai démontré et ce que j’ai dit. Je n’ignorais pas ce qui l’a diverti. Cet homme était connu, en effet, pour chercher toujours les discussions, les controverses dans les idées et les paroles; il a eu les symptômes du désarroi et du doute.

          J’ai répondu avec fermeté: Si l’état de la mort n’est pas ainsi, il y a de fortes chances qu’il le soit[7].

          Y-at-il une autre possibilité valable? Est-il possible qu’il y ait, dans la religion de la logique, deux possibilités pour une seule vérité?

          Puis comparons entre la possibilité hypothétique et la possibilité qui est un être et une vérité pour voir laquelle de ces deux possibilités est conforme à l’état de l’univers en tant que témoin et exemple.

          J’ai poursuivi jusqu’au moment où le professeur cessa de s’accrocher à son point de vue.

          Le professeur de l’éducation a demandé, à son tour, quel était le sort des insouciants qui se sont intéressés à des choses qui les ont détournés de la recherche de la vérité et du droit chemin.

          J’ai répondu: Le Miséricordieux a qualifié ceux qui lui ont désobéi, qui se sont opposés à Sa loi (Sunna), d’insouciants. Il les a maudits; Il les a avertis qu’ils auraient à subir les conséquences car ils ont reçu la guidance nécessaire, qu’ils ont reçu les bienfaits qui rendent responsable et qui démontrent la Vérité à celui qui le désire. Le conscient n’est là que pour distinguer entre le bien et son contraire, la vérité et son opposé, la justice et ce qui s’y oppose, et l’Islam et ce qui le contrarie.

          Si le serviteur avait les moyens de diriger l’attribut du conscient vers son dessein et ce pour quoi il a été créé, il n’y aurait pas eu de déviation par rapport au droit chemin et nul n’aurait quitté la voie de la rectitude et de la religion éternelle.

          La condition la plus importante que l’esprit impose à l’homme raisonnable est de chercher le droit chemin pour arriver à la vérité. Il connaîtra alors la vérité de l’âme et son dessein, son origine et sa fonction, son essence et son message afin d’éviter l’insouciance et la faute, par son attachement à la Sunna et à la disposition naturelle.

          Un étudiant s’est alors présenté que j’avais l’habitude de voir et de rencontrer à plusieurs reprises tellement il était attaché à la religion et au rappel de la mort. Il m’a demandé avec des mots accompagnés d’un flot de larmes qu’il était incapable de retenir avec ses mains, les laissant, malgré lui s’emparer de son visage et de ses joues: Ma sœur unique nous a laissés il y a environ deux mois, et il y avait entre elle et moi une grande amitié et une intimité de sorte qu’il nous était insupportable d’être séparés un seul jour. Pensez-vous qu’elle souffre maintenant dans son monde en raison de notre séparation et de son éloignement?

          Le mort ne souffre pas quand il souffre après une séparation, et ne souffre pas en raison du désir ardent[8]. Celui qui sort d’un rêve ne souffre pas suite à la séparation d’avec ceux qui étaient avec lui, et l’éloignement ne le fait pas souffrir, ni son départ vers un autre monde que le leur, et la nostalgie ne chauffe pas son cœur. Il a quitté les siens vers quelque chose de mieux pour lui[9]

          Je me suis adressé à l’étudiant excité en l’avertissant: N’as-tu jamais senti une fois la peur ou la maladie alors que tu te trouvais parmi les tiens, alors que leurs sentiments ne servaient pas à assurer ta sécurité, et que leur réunion ne donnait pas satisfaction au repos de ton âme. Le souci de l’homme dans son monde est l’état où il se trouve, et son souci dans son travail est d’améliorer son état en obéissant à son Dieu et en cessant de pêcher.

          Le premier des étudiants et président de leur fédération se leva pour poser une question comme s’il voulait anticiper la réponse, plein d’entrain et d’enthousiasme: N’y-a-t-il pas un signe pour les justes qui les distingue afin de suivre leur exemple et de suivre leurs traces, afin qu’ils soient pour nous un repère clair et un guide. Car les hommes nous paraissent semblables et leur vérité nous a été occultée.

          J’ai répondu que le Musulman qui est bon pour la vie future est également bon pour la vie ici-bas… et n’est bon pour instaurer la vie ici-bas, pour la bâtir et la gérer, pour diriger ses affaires, que celui qui a eu la faveur d’être valable pour la vie future, qui l’a recherchée et qui s’y est préparé. C’est là notre concept islamique de la probité pour celui qui veut s’enquérir et méditer.

          Celui qui est juste parmi les Musulmans est celui qui est bon pour la vie future comme il l’est ici-bas. S’il perd sa probité ici-bas, ce sera un défaut par rapport à sa vie future, une entorse à sa religion, une perte de sa valeur, une faiblesse de sa doctrine, une défaillance dans sa détermination et une imperfection dans sa mission et la bonne issue est pour les pieux. 



[1] La connaissance qui tranquillise l’esprit et le cœur, qui donne la satisfaction, le contentement et la stabilité et qui instaure la quiétude et la sérénité.
[2] Voyez comment les gens du monde qui le dominent et qui décident de son sort, ne peuvent en rien se passer de Dieu. Vous les voyez alors désespérant, frustrés, saisis de peur, déchirés par le désarroi et n’hésitant pas à se suicider.
[3] «Les hommes formaient une seule communauté. Dieu a envoyé les Prophètes pour leur apporter la bonne nouvelle et les avertir» (La Vache, 213). C’est à dire qu’ils suivaient l’intuition et la révélation n’a eu lieu que lorsqu’ils ont dévié.
[4] «Vas-tu établir quelqu’un qui fera le mal et qui répandra le sang, tandis que nous célébrons tes louanges en te glorifiant et que nous proclamons ta sainteté?» (La Vache, 30).
[5] «Dieu a créé les cieux et la terre en toute vérité. Il y a vraiment là des Signes pour les croyants» (L’Araignée, 44). La vérité ici, c’est la rectitude.
[6] Le Très Haut a dit: «Traiterons-nous ceux qui sont soumis à Dieu de la même manière que les criminels?» (Le Calame, 35). C’est à dire que la catégorie qui a passé sa vie à s’adresser à Dieu, à être loyale envers Lui, soumise à son Créateur, vivra la mort d’une manière autre que celle que vivra la catégorie qui a vécu dans les excès, l’injustice, la corruption, le mal et l’entêtement. La criminalité est la dépendance à l’égard de l’incrédulité, de la rébellion et de la perversion. Et celui qui le fait sera châtié.
[7] Dans la réponse, il y a une indication que l’état de la mort tel qu’il a été décrit et démontré est soutenu par les paroles de l’inspiration, par la réalité de la vie, par l’expérience de l’esprit et la nature de la souffrance, et avec comme témoins, tout ce qui existe sur terre. Aucun esprit résistant ne possède cette possibilité. L’incrédule entêté n’a pas de preuve ni une autre alternative.
[8] La souffrance de la séparation a lieu aux premières heures du décès seulement; et ce sont des heures pleines de la peur de la rencontre de celui qui vient tout seul, et qui fait face aux choses sans armes.
[9] Par référence à l’état du défunt après l’enterrement, lorsque s’ouvre devant l’âme un long tunnel interminable qui s’étend de la tombe jusqu’à l’isthme, et ce dernier est un des jardins du Paradis ou un des trous du Feu. Le Messager de Dieu a dit: «La tombe est un des jardins du Paradis ou un des trous du feu».

Au Bord de la Folie


          En prévision de la curiosité de ceux qui posent des questions, je me suis hâté d’adresser un salut pour signifier la fin. Je me suis alors levé, et j’ai choisi près de la rivière un point d’appui formé de branches et d’herbes pour commencer un round de réflexion tout seul[1].

          Je venais juste de plonger dans la réflexion lorsque je fus ramené au monde des gens de la terre par une voix affable. Je me suis retourné et j’ai vu Madame Dubois se dirigeant vers moi. Elle avait envoyé sa voix avant d’arriver comme un messager, comme si elle avait peur de me trouver sans me trouver. En effet, mes compagnons avaient l’habitude, depuis qu’ils me connaissent, de ne pas me trouver présent lors de mes réflexions. Et le fantôme de l’être ne peut pas le remplacer si le conscient est absent et si l’âme est partie.

          Elle dit alors: Allez-vous m’accompagner dans votre tourisme et me joindre à votre solitude, monsieur le docteur?

          J’ai caché un petit sourire avec la main, car comment vais-je me promener en touriste tout seul et avec moi quelqu’un qui m’accompagne. L’idée peut-elle venir à l’esprit que quelqu’un aille vers son but en se faisant accompagner? Je suis sorti de mon état que j’ai caché et j’ai répondu en sautant les obstacles: Venez Aurore et approchez-vous autant que vous le souhaitez. Elle fut étonnée par la surprise qui a failli l’abattre. Elle resta clouée sur place, envoyant ses regards, et elle s’est mise à chercher au beau milieu de sa perplexité une explication à mon attitude. Si nous ajoutons les mots au concept des Français au sujet des rapports entre les hommes et les femmes, elle  était en droit de penser qu’il s’agissait de sympathie et d’amour. Mais ce qui l’a rendue perplexe et qui lui a donné le vertige, c’était le fait que son interlocuteur était un musulman hanif et arabe, et que sa vérité exceptionnelle est telle qu’elle traduit les mots en des sens qui ne passent pas dans l’imagination des Occidentaux.

          Je l’ai regardée en souriant et je l’ai invitée à s’asseoir gentiment en lui indiquant un siège à côté de moi. Il semble qu’elle a obtenu ce qu’elle cherchait et qu’elle a traduit mes paroles à sa façon, dans l’espoir d’obtenir de moi ce qu’on obtient d’habitude de ses compatriotes en pareil cas. Peut-être s’est-elle réveillée de son rêve dans un autre endroit et dans des conditions autres que celles-là.

          Mais sa main était toujours tendue vers l’espoir alors qu’elle était suspendue en l’air. Je me suis adressé à elle d’une voix aimable et chaleureuse: Retirez votre main que j’ai aimée, Aurore, et je ne vous cache pas ma sympathie pour cette offre et mon amour pour vous n’était la loi. Mais je n’ai jamais touché la main d’une femme sans contrat. Et je ne lierai ma vie à aucune femme avant de mourir et de revivre[2].

            Elle dit: Je vous attendrais haletante, au bord de la folie et sur le fil d’une épée entre le désespoir et l’espoir.

          J’ai répondu sans paroles et en répétant les mots intérieurement: Attendez, je suis avec vous parmi ceux qui attendent.

          Je me suis alors levé ne trouvant pas d’autre issue, et j’ai marché avec elle. J’ai accepté que son vœu soit exaucé. Nous avons marché alternant silence et paroles, entretien et distraction, jusqu’au moment où elle m’arrêta en demandant: Trouvez-vous qu’il y a vraiment une situation raisonnable dans laquelle l’être vit la mort comme une vie, et qu’il la déguste, puis qu’il continue, ici, dans notre monde, la vivant une coupe après l’autre, et type après type?

          J’ai regardé le sol pensif, puis j’ai regardé le ciel en méditant, et j’ai répondu alors que je me voyais devant une question que je ne me suis jamais posée auparavant et que mon conscient n’a jamais abordée: Oui Aurore. Lorsque nous perdons le cher qui est au-dessus de toute personne chère chez nous, nous nous trouvons devant une solitude semblable à celle des tombes, et devant un vide effrayant qui ressemble presque aux adversités de la mort.

          Je l’ai regardée pour voir à quel point elle était convaincue, et j’ai vu les larmes couler sur ses joues comme les gouttes de la rosée au-dessus des coquelicots. Elle dit: Comme vous êtes éloquent ô Bayane al-Dine, et combien sont grands les Signes de Dieu – Loué soit-il – dans votre esprit. Elle s’arrêta en pleurant pour poursuivre d’une voix triste et avec des mots saccadés: Je ne vous est posé la question que lorsque j’ai eu peur de rester jusqu’au jour où la mort vous ravira de ma réalité et de ma vie. À ce moment-là il n’y avait inscrit dans mon esprit que la mort… puis elle poussa un soupir attristé.

          J’ai pris mon mouchoir et je me suis mis à sécher ses larmes. J’ai laissé ma main passer sur son visage et lorsqu’elle se calma et qu’elle eut cessé de se lamenter, j’ai mis ce mouchoir sur mon visage, puis je l’ai mis dans la poche de ma chemise du côté de mon cœur, et j’ai posé ma main dessus.

          Elle dit comme si elle chuchotait: Ô combien elle est noble et meurtrière la pudicité des Arabes.

          Elle s’étonna de mon changement de cap et de mon retour  et de mon retour à notre point de départ. Elle fit de même et au bout d’un court laps de temps, elle devint gaie, la peur et la tristesse l’ayant quittée.

          Elle me demanda quel était le sens de ce retour et quelle en était la sagesse déconcertante et émouvante. Je lui dis, vous êtes en plein dans le sujet et vous vivez la sagesse. Est-ce que votre ignorance de ces deux choses a modifié leur réalité? Elle se tut ne trouvant pas de réponse. J’ai poursuivi: Ainsi est la vie, nous la subissons, nous la vivons tout en ignorant sa signification, loin de la sagesse qu’elle signifie jusqu’au jour où le Miséricordieux nous envoie Son inspiration et Son Message; c’est alors que certains croient et que d’autres restent incrédules, et l’homme reste la chose la plus controversée.

            Votre allégresse, Aurore, est un signe de bonne santé par rapport à votre état antérieur et une preuve de santé qui ont suivi la peur et la tristesse qui vous ont saisie. Ceci n’a pu parvenir à votre âme qu’en reprenant la voie et les pas et en se promenant au-dessus des traces. Nous ne nous promenons pas dans le jardin des souvenirs lorsque nous promenons nos corps. Ce sont plutôt nos âmes qui jouissent comme elles l’ont fait la première fois, et le bonheur vit une autre période, et nos âmes resurgissent de nouveau avec la permission de Dieu.

          Nous avons continué à marcher jusqu’à être à une courte distance du groupe. Elle dit alors: Y-a-t-il lieu pour une autre question? Je n’ai pas répondu et elle a compris qu’il s’agissait de mon agrément.
          Elle dit: Y-a-t-il une attitude que nous devons prendre dans ce monde et qui nous indique la vie future?

          J’ai répondu méditatif: Oui, celui qui prie soumis, comprenant le sens et concentrant le conscient dessus, en soumettant son visage, son cœur et sa langue, celui-là est passé dans la vie future et il a senti des brises qu’il n’a jamais connues dans sa vie.




[1] Le Messager de Dieu a dit: «Une réflexion d’une heure est meilleure qu’une dévotion de mille ans»
[2] Il veut dire qu’il ne se mariera pas avant d’avoir accompli ses examens au sujet de la mort et ses recherches au sujet de la vie, car il y voit sa mission.

Les Confidences de la Philosophie et des Lettres


          Au cours d’une visite que m’a rendu une équipe du corps enseignant, Madame Aurore s’est empressée de saisir l’opportunité de me prendre de côté et de me parler. Après un sourire aimable et un salut portant un degré élevé des trésors de la courtoisie des salons connue chez les Français, elle dit: Celui qui a la chance de vous rendre visite et qui se met au courant des Signes du Miséricordieux en vous, de Sa grâce qui vous entoure, de l’ambiance romantique qui vous est assurée et des traits d’allégresse que vous avez, vous trouve dans un état de continence qui vous rend indifférent aux beautés qui ne déplaisent pas aux esprits avisés et qui vous éloigne des plaisirs qui ne font pas du tort à ceux qui ont eu l’occasion de les vivre… et après un bref silence, elle conclut; elle cita un témoignage du Livre de Dieu, le Très Haut destiné à confirmer ce qu’elle venait de dire: «Dis: Qui donc a déclaré illicites la parure que Dieu a produite pour ses serviteurs et les excellentes nourritures qu’il vous a accordées» (Al ‘Aarf, 32).

          J’ai répondu avec sur mon front les signes de la méditation et de l’intérêt: Il ne s’agit pas de continence[1] et je ne suis pas ce que vous pensez[2] et c’est le destin. J’ai reçu en héritage des conditions favorables de la vie ici-bas accompagnées par la grâce de la guidance, de la vérité et de la lumière, ce qui m’a montré que la félicité est un gage[3] et que mon destin chez mon Dieu y dépend, comme en dépend ma volonté. Si je l’utilise dans un sens qui satisfait mon Dieu et qui éloigne des péchés, je réussis. Si, par contre, je l’adapte à mes envies, je suis perdu. Sachez, belle dame, qu’il n’y a pas de bonheur pour l’âme si elle ne trouve pas la stabilité dans ce qu’elle désire[4] et si elle ne rencontre pas ce pour quoi elle a été créée. Qu’il n’y a ni sécurité ni foi, ni tranquillité sauf quand l’âme se conforme à son intention droite et qu’elle convient aux lois de son noble Seigneur. De toute façon, il vaut mieux pour l’homme sage de vivre un lourd cauchemar qui le conduit au Paradis que de vivre un beau rêve qui le conduit au feu… En plus de tout cela, et à côté de ce que vous voyez et que vous ne voyez pas, je prends des agréments de la vie ce qui me convient, et je prends de ses biens ce qui risque de me faire perdre l’équilibre de mon conscient et ma conception de ma mission[5], ce qui me pousse à freiner.

            Quelques jours après cet aparté, je me suis retrouvé en compagnie d’un groupe de collègues et d’étudiants, en un endroit frais et ombragé connu dans la région moyenne de notre pays, parmi les arbres profondément enracinés dans le sol, les plantes vertes qui s’étendent et l’eau qui ruisselle dans le lit du fleuve, nous abreuvant des deux plaisirs en même temps, celui de l’accolade avec la beauté et celui du tourisme dans les horizons de la méditation, de la réflexion et de l’observation. Après une succession de silences et d’entretiens, le professeur des sciences administratives a découvert le moyen de s’approcher de moi lorsqu’il m’a aperçu assis au bord du ruisseau en train de jeter des cailloux au cœur de l’eau qui coule et d’observer en ce faisant ce que cela pouvait m’inspirer. Dès qu’il fut devant moi, il m’adressa un salut qui me sortit de mon état et qui interrompit ma réflexion…

          Il m’a demandé comment je connaissais très bien le Créateur, et dès que je voulus répondre à sa question, je vis la plupart des membres du groupe nous rejoindre, L’un d’eux le pria de répéter la question en le remerciant et en s’excusant. Ce qu’il fit.

          Je me mis à lui répondre après avoir éclairci son intention et avoir connu ses convictions intimes: La connaissance de Dieu le Très Haut tel qu’Il se connaît lui-même est une chose impossible et une chose que l’on ne peut atteindre. Toutefois, la clémence divine représentée par Sa Charia, la lumière présente dans la création et son caractère inné, la guidance qui montre aux créatures les causes, qui les conduit vers leurs desseins, la droiture dans laquelle Il a mis leurs secrets et leur nature… sont de nature, si elles sont réunies dans une âme juste et dévote, à conduire à connaître le Très Haut dans les limites suffisantes pour pratiquer l’obéissance, pour approcher les significations de la dévotion[6] et pour obtenir la sécurité et la satisfaction de Dieu. C’est cela la bonne connaissance de Dieu. Nous en sommes les serviteurs, les esclaves de Sa bonté, les affranchis de Sa miséricorde. Notre place par rapport à Lui est la place de la créature vis-à-vis de son créateur et du possédé par rapport à son propriétaire, l’esclave par rapport à son seigneur[7]. C’est l’endroit où il y a notre bonheur, notre dignité, notre mission, notre religion et notre doctrine. Le plus grand honneur est de se soumettre à Ses ordres et la plus haute dignité est de chercher le moyen de Le satisfaire en tant que monothéistes. Parmi les preuves de Sa grande clémence et de Sa grande bonté est qu’il a fait pour vous ce que vous ne connaissez pas et que vous ne pouvez pas atteindre, en plus de la bonté et des soins dont il vous entoure, et qu’il vous laisse goûter des bénédictions de Sa générosité et de Son éternité, de Sa clémence et de Sa divinité.

          Dieu a donné aux âmes des dispositions naturelles qui lui permettent de voir dans la Vérité une réalité qui guide.

L’Image du Monde et sa Nature

          À ce moment-là, Madame Aurore est sortie de sa stupeur; elle est apparue de derrière son silence et elle demanda:

          Si nous avions la chance de connaître les raisons qui ont poussé à la création du monde tel qu’il est et à sa nature, nous aurions découvert immédiatement la vérité des causes qui l’ont causé, et les causes qui sont derrière[8]. D’où proviennent donc les aspects fondamentaux de l’image du monde, de sa réalité et de sa nature?

          Une fois qu’elle a fini de parler, la dame a remarqué que je me dirigeais vers elle et que mes yeux fixaient son visage. Et, quelle que fut son interprétation de mon attitude, je l’ai estimée à sa juste valeur et j’ai pris au sérieux sa question et le niveau élevé de sa pensée.

          J’ai répondu:

          L’image générale du monde de la vie a acquis ses traits et obtenu sa nature des influences de la Présence Divine et de Ses manifestations, de Ses volontés et de Ses répercussions. Il est impossible, par exemple, d’imaginer une des formes de l’existence dépourvue des influences du Créateur, ou loin de Ses volontés, comme par exemple en nous posant la question suivante: Comment le monde ou l’existence paraissent-ils en imaginant qu’ils sont dépourvus de l’influence du Créateur et en dehors de Son pouvoir?

          L’homme raisonnable peut-il imaginer cela, ou peut-il avoir une question de cette espèce?

          L’impossibilité d’une telle imagination est basée sur l’absence de composantes essentielles et des facteurs substantiels sans lesquels le monde serait perdu lui aussi. En plus du fait qu’il aurait perdu l’aptitude d’exister, son honneur et sa justification d’exister. Celui qui oublie la bonté de celui qui a créé et le sens de la création, ses causes et la sagesse qui en découle, en plus des traces et des noms, des grâces et des Signes, est un être sans consistance et il est nécessairement perdu. Il n’y a pas de doute là-dessus. L’intégration de chaque atome aux cieux et sur la terre avec les composantes et les facteurs en question, constitue un témoignage éclatant de la disparition du doute, de l’association et de la mauvaise foi.

          «Est-il possible de douter de Dieu, le Créateur des cieux et de la terre» (Abraham, 10)[9].

          Il y a des facteurs et des causes sur lesquels se monde est bâti à tel point que l’on ne peut l’imaginer sans eux. Si nous nous mettons à les examiner et à les diagnostiquer, nous nous apercevrons qu’ils ont une certaine importance et une nécessité que l’on ne peut ignorer dans chacun des autres mondes, en plus de ce que leur examen nous apprend sur la vérité centrale de l’existence et de ce que leur diagnostic nous fournit comme opportunités de connaître les états possibles et les formes imaginées des différents mondes. Toutefois, la bonne connaissance de Dieu le Très Haut, constitue une clef essentielle de cette étude qui exige des qualités, des vertus, des agissements et des conduites que ne reçoivent que ceux qui ont craint et qui ont cru, qui se sont appliqués et qui se sont abstenus, qui ont réfléchi, qui ont cherché et qui ont été conscients, et seuls ceux qui ont une grande chance les ont obtenus[10].

          Une partie importante et fondamentale des causes sur lesquelles le monde terrestre est fondé, garde son importance et son essence sur lesquelles le monde de la vie future est fondé. Il ne reste donc que la différence des origines et des éléments, une différence que ne gène pas les travaux des chercheurs ni l’esprit des intellectuels en raison de l’hégémonie absolue de Dieu le Très Haut et de Sa grande puissance.

          Un regard analytique sur le monde terrestre, sur ses lois et sur les facteurs qui l’accompagnent d’en haut, sur les phénomènes qui pénètrent jusqu’à son cœur, les accidents qui lui font obstacle durant son parcours, les coutumes décisives de la loi (Sunna) supérieure, la Loi de Dieu le Très Haut, «Tu ne trouveras ni changement, ni déviation dans la coutume de Dieu» (Le Créateur, 43), qui décide la nature de notre monde, qui le supervise, qui contrôle tout ce qui s’y passe, tout ce qui y entre et tout ce qui en sort, qui en connaît les moindres détails et qui contrôle ses réalités, un regard analytique, dis-je, de cette profondeur est capable de nous amener à émettre l’image la plus proche et la plus véridique et la plus éventuelle du monde de l’au-delà.

          L’image du monde que nous vivons et que nous ne connaissons pas, ou que nous ne connaissons pas autant que nous le vivons, et que peu de gens connaissent, - et tel est aussi le cas des autres mondes – cette image-là se compose de causes que nous connaissons et que nous voyons et d’autres que nous ne connaissons ni ne voyons[11]. Toutefois, ce que nous savons et ce que nous voyons est suffisant pour avoir la connaissance qui impose la délégation, la rectitude, l’obéissance, qui nous inspire ce qui nous a manqué et ce que nous avons raté.

          La forme du monde qui suit le déménagement de la vie d’ici-bas vers le monde de la mort, se produit dans le cadre de la représentation suivante:

a-    Le pouvoir de Dieu, le Très Haut, - nous voulons dire par là l’hégémonie et le contrôle absolu de la sagesse -, car Dieu est un sage absolu. Et l’hégémonie de la gloire absolue, car Dieu est Puissant.

Il est dit dans le la tradition (Hadith) du Prophète que le Très Haut a quatre vingt dix noms. Dieu le Très Haut a dit: «Les plus beaux noms appartiennent à Dieu. Invoques-le par ses noms» (Al ‘Araf, 180), et Dieu a dit: «Dieu, il n’y a de Dieu que lui ! Les noms les plus beaux lui appartiennent» (Ta.Ha., 8). 

b-    La Loi (Sunna) de Dieu le Très Haut – et les phénomènes de Son intervention, de Son éternité, de Sa sagesse et de Sa gestion, de Son ordre et de Sa volonté.

C’est ce que nous connaissons et ce que nous voyons, ou ce que nous devons connaître et voir en raison des facultés disponibles et du gage ferme. C’est là le dessein de la mission, le sujet du juge et l’objet du gage et des comptes à rendre.

Il reste que ce que nous ne connaissons pas et que nous ne voyons pas[12] des affaires qui nous échappent, de ce que nous avons appris par l’inspiration, alors que nous avons la possibilité de des imaginer et d’y réfléchir, ce sont:

a-    La situation de l’âme à laquelle on a ôté la volonté et la liberté et dans le cerveau de laquelle les facteurs se sont mélangés[13]. Il n’y reste éveillé que son conscient.

b-    La nature spéciale du monde de l’âme et de sa loi que le Créateur a écrit pour elle et à laquelle il l’a rattachée.

Pour revenir à cette réalité, il nous apparaît que ce que nous avons entre les mains est suffisant, et que ce que nous ne connaissons pas et que nous ne voyons pas mène à l’aspect le plus important et le plus primordial de ce que nous ne savons pas et de ce que nous ne voyons pas.

Lorsque je suis arrivé au dernier mot de ma réponse, j’ai jeté un regard et j’ai vu les gens comme ivres et étourdis tandis que Madame Aurore était en train de fixer le sol pensive. J’ai voulu la conforter et être utile à l’auditoire. J’ai poursuivi alors que les gens n’étaient pas encore sortis de leur silence: S’agissant de ce que vous avez murmuré, par erreur, et ce que vous avez discuté au sujet des aspects d’accord et de désaccord entre l’âme et l’esprit, sachez que l’âme est une dénomination de la valeur de la brise morale et immatérielle dénuée des éléments de la terre qui lui viennent de l’au-delà de son monde par ordre du Créateur, et elle porte des vertus et des capacités qui font de l’homme un être dans le meilleur état. Parmi ses spécificités qu’elle a reçues, le libre arbitre, la conscience et la raison. C’est la caractéristique de l’homme et celle des fils d’Adam, partout et en tout temps, dans ce monde de la terre. Quant au souffle divin dans cet être, il est un signe qu’on lui remet le gage, qu’il hérite de la terre et qu’on le lie en vertu de la responsabilité et du compte à rendre[14].

Les anges ne devaient pas se prosterner devant Adam. Il devait obéir aux ordres, obéir à Dieu, et admettre la succession. Ainsi, la réforme et la réforme de soi sont-elles devenues un gage et la succession du Miséricordieux sur terre, pour sauvegarder la terre de la corruption et pour l’aplanir devant les créatures.

Quant à l’esprit, il est l’âme de la personne en question après ce qu’elle a fait grâce à son choix. L’âme est une énergie générale dont jouissent tous les fils du genre humain, quant à l’esprit, il appartient exclusivement à chacun d’eux. Son partenaire décisive, et sa campagne permanente est son amie qui a porté ses actions et contenu ses qualités, qui a transmis ses actes, qui a pris les couleurs de ses nouvelles et qui s’est formée par sa nature.

L’âme est l’esprit avant le commencement des actions, des actes et des perpétrations.

L’esprit est l’âme après avoir perdu son dépouillement et après avoir commencé les actions, les actes et les perpétrations.

Pour plus de détails, pour ceux d’entre vous qui veulent profiter, l’âme est créée par la volonté de Dieu à partir de la nature de son monde dans lequel elle se déplace après l’accident de la mort, à l’instar du corps qui est une créature des éléments de la terre et de la nature du monde matériel.

L’âme se familiarise avec son monde en y retournant après s’être libérée des chaînes du corps, une familiarisation qui a pour résultat encore plus de souffrances pour celui qui a commis des méfaits. Il y a là un enfer en ébullition et un Feu allumé[15].

D’autre part, la familiarité de l’âme et son accord avec son monde, produit une plus grande jouissance pour celui qui a quitté le monde ici-bas comme croyant, et qui a passé au monde de l’âme comme dévot et juste. Le défaut de cette augmentation est le dépouillement de l’âme par la mort de l’obstacle corporel qui diminue la douceur de la joie et l’euphorie de la réjouissance.

Le monde de l’âme est un enfer pour une âme qui a commis des péchés et qui y est retournée pleine de torts et de préjudices.

          Il est, d’autre part, un bonheur pour l’âme qui a fait du bien et qui y est revenue pleine de justice, de lumière et de dévotion.

«Ceux qui viendront en ce jour avec une bonne action, recevront mieux encore. Ils seront à l’abri de toute frayeur. Ceux qui viendront avec une mauvaise action seront précipités dans le feu. Êtes-vous rétribués pour autre chose que pour ce que vous faisiez?» (Les Fourmis, 89-90).

Après un court intervalle que j’ai passé à examiner l’état des gens, je leur ai dit: Dois-je ajouter encore?

Ils se sont réveillés tous ensemble et ils ont crié: continuez avec la bénédiction de Dieu…

J’ai dit: La dernière des secondes de la vie de l’homme sur terre est la seconde où il fait attention et où il s’éveille pour commencer une vie nouvelle. Car au moment où il s’éteint ici, il apparaît dans un autre endroit, et alors qu’il sommeille, il se réveille. Dès que la mort le saisit, il se réveille du sommeil du monde comme il s’est habitué à se réveiller de ses sommeils. Il se lève vers une vie plus juste et plus sure que la vie. Des gens voient qu’il se lève quand ils ont pensé qu’il dort, et il est charmé par l’impression qu’il se réveille d’un long et profond sommeil, lorsqu’il se met à se souvenir de ce qui lui est arrivé ici-bas, après une méditation et un regard qu’il ajoute à ses nombreux rêves et à ses différentes visions.

C’est le résultat final et la valeur effective de la vie ici-bas comme son  homme les voit, ou comme ils lui paraissent de sa nouvelle place dès qu’il entre dans la vie future.

… J’ai conclu en recommandant: Si seulement vous compreniez le message et si vous compreniez ce qui se dit, car vous ignorez quand vous serez appelés pour répondre. La vie est un rêve. Levez-vous. C’est un rêve. Que voyez-vous en elle si les rêves durent?




[1] Par référence au Hadith du Grand Messager: «La continence ne consiste pas à ne pas posséder de l’argent; elle consiste à ne pas se laisser posséder par lui». Certains attribuent ce hadith à l’Imam Ali.
[2] Car il y a derrière la chose quelque chose de plus grand et de plus important.
[3] «… puis ce jour-lá, vous serez interrogés sur vos plaisirs passés» (La Rivalité, 8).
[4] «… et ils jouiront, pour toujours, de ce qu’ils désirent» (Les Prophètes, 102).
[5] Par référence aux paroles du Très Haut: «… afin que vous ne soyez pas désespérés en perdant ce qui vous échappe et que vous n’exultiez pas de ce qui vous a été donné» (Le Fer, 23). Il y a dans le noble verset une balance de la raison du sage qui le protège de la déchirure, de la dispersion et de la déviation, et qui lui sauvegarde sa religion et sa situation.
[6] Nous disons approche des significations de la dévotion et nous ne disons pas sa pratique. Nul ne peut, même s’il s’efforce de le faire, donner à Dieu ce qu’il mérite, ou l’adorer d’une manière égale à Sa générosité et à Sa bonté.
[7] «Tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre se présentent au Miséricordieux comme de simples serviteurs» (Marie, 93). «Tous viendront à lui le Jour de la Résurrection» (Marie, 95).  
[8] Les causes derrière lui, c.à.d., son destin après la mort. Les autres causes sont celles de son état actuel, de son passé avant ce monde.
[9] Ce qui vous concerne du monde des créatures en particulier est que votre place dans ce monde est celle d’une personne créée. Ici vous avez les moyens d’imaginer véridiquement votre cas vivant et mort, dès que vous aurez compris, en cet endroit, les devoirs d’obéissance à l’Être créateur suprême, et Ses beaux noms.
[10] Alors que ceux qui étaient insouciants, qui ont été négligents, qui se sont détournées et qui n’ont fait aucun effort, ne les auront pas. «… J’écarterais bientôt de mes Signes ceux qui, sur la terre, s’enorgueillissaient sans raison. S’ils voient quelques Signes, ils n’y croient pas» (Al ‘Araf, 146).
[11] «Mais non ! Je jure par ce que vous voyez, et par ce que vous ne voyez pas…» (Celle qui doit venir, 38). 
[12]  «Ils ont dit: Si nous avions entendu ou si nous avions compris, nous ne serions pas au nombre des hôtes du Brasier» (La Royauté, 10).
[13] La raison traite avec la réalité par l’interaction de ses facultés, ses capacités et ses prérogatives avec la nature spéciale de cette réalité, ce qui lui créé un tempérament riche en facteurs qui opèrent dans son cadre. Il va sans dire que son transfert au monde de la mort modifie ce tempérament selon les nouvelles conditions, les limites étroites, les prérogatives réduites et la nature différente.
[14] «Après que je l’aurai harmonieusement formé, et que j’aurai insufflé en lui mon Esprit: Tombez prosternés devant lui» (Al Hijr, 29). 
[15] «Non, ceux qui ont commis un péché et que leur faute a enveloppés: Voilà ceux qui seront les hôtes du Feu; ils y demeureront immortels» (La Vache, 81).