La presse s’est emparée de
l’affaire de ma résurrection; les professionnels des media, des programmes de
télévision et des chaînes satellitaires adoptèrent une attitude loin de la
réalité, utilisant beaucoup de rembourrure et d’imagination, y ajoutant ce que
leur ignorance leur dictait et ce que leur imagination leur fournissait alors
qu’ils ne savaient pas.
La
source qui alimentait les media en matières et en rapports faux qui ont fait
dévier les gens de la Vérité et qui ont aveuglé leurs yeux, cette source-là
était la frayeur qui s’est répandue en un flot qui a dispersé les masses
rassemblées et les étudiants qui attendaient curieux à l’entrée des routes, au
milieu des places publiques, menant à l’hôpital.
Quelques
minutes auparavant, les masses nerveuses avaient reçu la nouvelle de mon décès
après que j’ai rendu le dernier souffle et que mon âme était sur le point de me
quitter. Deux minutes plus tard seulement cette nouvelle fut suivie par une
autre qui écartait tout espoir. La mort clinique avait été officiellement
annoncée par le docteur Bayane al-Dine al-Qaêm, et il a été dit que l’autopsie
du cadavre avait commencé sur le champ.
Dans
cette circonstance triste et alors que les regards étaient fixés, les yeux de certains mouillés,
les oreilles distraites, les cœurs blessés et les masses soumises à ce que le
Dieu de la terre et du ciel a décidé, un déluge assourdissant de bruit et de
désordre parvint aux oreilles de ceux qui attendaient, en provenance de
l’hôpital, suivi immédiatement de cris perçants et de voix, de Dieu est le plus
grand, partis de tous les recoins de l’endroit vers l’extérieur pour percer les
ouies des foules rassemblées et pour attirer l’attention des gens qui
observaient. Un déluge de frayeur envahit tout ce qui était sur son chemin, et
le séisme de la peur emporta tout ce qui restait comme gens raisonnables, comme
patients sérieux, sages et réalistes qui ne cèdent pas aux illusions et qui ne
comptent pas sur les rumeurs des gens. Ceux-ci ont été saisis de crainte et
d’étonnement. Ils se sont trouvés perdus dès que leurs regards se sont posés
sur moi, brillant de santé, en forme, habillé de blanc, sortant des urgences
sans que nul n’ose me suivre ou me faire face.
Cette
scène grave ajoutée à la peur, ainsi que le facteur de surprise qui s’est
abattu sur ceux qui se contentaient des rapports, qui étaient sûrs du décès et
qui suivaient les étapes du traitement, voire qui supervisaient toutes ces
étapes… Tout cela était suffisant pour susciter la crainte, pour la diffuser et
pour perdre le contrôle de ses horizons. Les circonstances de l’accident, ses
détails et ses développements, n’ont laissé à l’homme sage aucune chance pour
retrouver le droit chemin. La vérité de ce qui s’est produit est restée une
affaire divine, gérée seulement, après Dieu, par moi. Ceci a soulevé la
curiosité des gens et a renforcé leur désir de savoir ce qui se cache
derrière cet événement qui rend perplexe. Les cinéastes ont accouru ainsi
que les romanciers et les scénaristes, les poètes et les hommes de lettres, et
les chercheurs. Les médecins me rendaient visite, les experts cherchaient à
obtenir mes déclarations, les notables et les grands cherchaient à gagner ma
sympathie. Je leur donnais des bribes de mes observations et un menu fretin de
ce qui s’est passé. J’ai déclaré ensuite à tous ceux que cela intéressait que
je m’adresserais à eux le moment venu et je leur ai donné rendez-vous avec la
vérité.
À
la date prévue, qui a précédé le temps et dépassé les limites de l’endroit,
j’étais debout haranguant les masses houleuses, sous une pluie de rayons et de
lumière provenant des appareils et des caméras qui se bousculaient.
Le Discours
Au nom de Dieu le
Clément, le Miséricorde. Loué soit Dieu, le Seul, l’Unique, qui a les beaux
noms.
La
mort est le Signe du Vivant[1] et le traducteur de la vie[2]; le phare de la réflexion[3], le pionnier de la
contemplation[4],
le correcteur du parcours[5], le purificateur du fond
du cœur[6], l’inspirateur du droit
chemin[7], celle qui disperse le
mirage[8], qui corrige les habitudes[9] et qui guide la volonté[10].
Il n’y a pas de sécurité
et de stabilité pour la vie sans la mort, car ce sont là deux émules qui
s’entendent et deux frères même s’ils se contredisent. «Tel est le décret du
Tout-Puissant, de celui qui sait» (Ya.Sin., 38).
Si la Vérité avait obéi
à leurs désirs, si elle avait adopté leurs opinions, les cieux et la terre se
seraient corrompus, l’univers aurait disparu ainsi que l’existence.
Imaginer l’inexistence
de la mort ne peut aboutir qu’au règne du désordre et à l’anéantissement du
sens des choses, de leurs limites, de leurs significations. La chose et son
contraire, la nuit et le jour, l’obscurité et la lumière, le bien et le mal,
l’équité et l’injustice, la levée de la balance, les méfaits et les bienfaisances,
l’incrédulité et la foi, le doute et la conviction, se seraient retrouvés égaux
et semblables.
Avec la mort, la vie se
renouvelle, le
temps se concrétise[11], l’endroit retrouve la
santé. La non existence de la mort ne passe pas dans l’esprit, et son existence
est digne de la sagesse du Créateur. Rien d’autre ne guide vers la Vérité. Réfléchissez à ses
affaires autant que possible, et arrêtez-vous devant ses significations. Une
question d’une telle valeur et d’une telle importance mérite que nous la
vivions, que nous la joignions à notre état, que nous l’examinions. Car il est
à craindre qu’en haïssant la mort vous ne l’ignoriez. Si vous l’ignorez, vous
vous séparez de votre vie, vous perdez votre repos, vous perdez la sécurité de
vos âmes, vous devenez des perdants. J’ai ensuite exposé ce qui m’est arrivé
avec mon approche de la mort, depuis le choc jusqu’au moment de la sortie, sans
rien oublier comme explications et interprétations à livrer aux auditeurs
étonnés.
[1] La mort est la
preuve de la nécessité qu’il y ait un Vivant Éternel avant les choses destinées
à mourir, c.à.d. avant l’univers et les créatures. Il est, en échange, le
témoin de sa pérennité après leur disparition, sinon, celles-ci auraient perdu
leur équilibre et leurs bases et elles auraient vu leurs piliers détruits.
[2] La mort est un
traducteur fidèle des symboles de la vie et de ses aspects, un interprète de
ses états et de ses changements, de ses éléments et de ses relations. Une
justification sage de son existence dans sa nature, dans sa poursuite et dans
son passage vers sa fin. Elle n’est comprise qu’à travers la mort. Toute étude
ou recherche dans les profondeurs de la vie qui ne prend pas en considération
le facteur de la mort reste une tentative vaine qui n’a aucune chance d’aboutir
et qui reste inutile.
[3] Celui qui
réfléchit et qui ne saisit pas le sens de la mort manqué de comprendre le sens
de la vie et sa vie devient misérable.
[4] La première
preuve des vrais sens de la vie est la mort, et il n’y a pas de bonheur dans la
vie sans comprendre la mort.
[5] Celui qui se rappelle que la mort est la fin de sa vie et que sa vie a
pour bases les actions et les qualités, celui-là à une situation qui va dans le
bon sens.
[6] La mort élimine les mauvaises habitudes, les mauvaises intentions.
[7] Celui qui s’habitue à citer la mort a saisi la vérité de la vie et il la
vit heureux.
[8] La mort est un destructeur spirituel et psychique de toutes les formes de
vanité, d’illusion, de fausseté et de d’aberration.
[9] La mort purifie l’âme des habitudes néfastes; elle en corrige les
orientations; elle en développe les choix et elle en rejette les méfaits.
[10] La mort dirige la volonté vers le droit chemin; elle lui apprend la
Vérité; elle lui prend la main pour la conduire vers la lumière.
[11] S’il n’y avait pas la mort, les normes du temps auraient été inexistantes
et les limites du temps auraient disparu. Les pas des êtres vont entre la force
et la faiblesse jusqu’à un objectif qui est la mort. Sans la mort, il y aurait
eu le désordre. C’est plutôt la corruption de l’univers. La mort des choses et
la croyance en elle conduit à sa réalité et à sa vérité, mais elle constitue
une nécessité de croyance parmi les nécessités de la foi et l’éternité du Très
Haut.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire