mercredi 31 juillet 2013

Les Repères de la Vérité

Les Repères de la Vérité

À l’ombre de la terrasse s’étendant vers le giron du jardin, je me suis assis avec ma solitude sirotant le café du matin, pensant aux recoins de cette vaste propriété splendide que mes parents, Dieu ait leur âme, m’ont léguée sur la colline orientale de la capitale des capitales arabes. En plus de sa position élevée sur les hauteurs qui entourent la ville, trois étages à la grâce, à l’art et à l’étendue extrêmes, semblables à une légende ou à une forteresse ensorcelée.

          Comme à mon habitude face à la nature, ma méditation s’est détachée du monde de l’endroit pour m’emporter très loin dans l’atmosphère, pour retomber ensuite très loin dans les profondeurs, puis pour divaguer et disparaître, tourner sans avoir assez, se transportant entre les vestiges et les secrets, alors que je continuais à citer et à louer les bienfaits du Miséricordieux, et que je continuais à passer en revue ce qu’Il a créé et à Le glorifier. Après un certain temps, je suis revenu à moi-même, et la méditation s’est alors dirigée dans cette direction. J’ai alors entrepris d’y entrer avec le frisson et j’y ai vu ce que j’ai vu derrière. J’ai vu à l’intérieur de moi-même ce que j’ai vu au cours de mon tourisme dans l’espace. J’ai trouvé que mon âme était un reflet de la vérité cosmique et un argument de la volonté divine[1].

La méditation ayant atteint un certain stade, me poussa dans une autre direction. Je me suis trouvé alors en train de réfléchir à la valeur de la vie sur laquelle la volonté divine m’a transcrit comme mot et qui a voulu que je la vive et que je la goûte dure, sans trop la connaître.

          Entre ma cohabitation avec la réalité de la vie et la modestie de mes connaissances de ses secrets, je cherchais pour mon conscient un tremplin à partir duquel il est possible de connaître le secret du monde, la vérité de la mort et de la vie, cette vérité que nous vivons avec une force qui empêche le doute au sujet de Dieu, qui écarte la mauvaise foi au sujet de Ses noms et de Ses bienfaits, mais que nous ne connaissons pas assez pour repousser les communautés de démons, pour gifler leurs obsessions et ce qu’elles insufflent dans les cœurs des insouciants qui en ignorent ses dangers. J’ai eu la profonde conviction que le Dieu Éternel, Gloire à Lui et à sa Puissance, est un être au-dessus des doutes et des suspicions, qu’Il est Vivant, Un et Sempiternel de toute façon. Quels que soient notre discernement et notre incapacité, le problème qui entoure le conscient et le laisse rêveur et instable, est une chose qui se tient entre la vérité et la connaissance. La première est, pour nous, celle que nous vivons, et qui est de son côté, un argument[2] contre nous.

          La deuxième est une question qui tente le conscient et séduit la volonté. Il y a dans leur espace en particulier, dans leur mouvement, dans leur droiture, des rapports avec l’inspiration et une obéissance aux ordres de la lumière, et c’est là que se trouvent le secret tant souhaité, et aussi la conclusion heureuse.

          C’est pourquoi il y a eu le conscient et aussi le libre arbitre. C’est là que réside le gage, la responsabilité et la question des comptes à rendre[3].

          Une fois, j’ai reçu la visite du prêtre Antonio Ponti, l’aumônier de l’École Italienne, qui habitait une maison voisine de ma maison, et qui, comme moi, s’intéressait au tourisme et à l’inspiration. Après de longs rounds de discussions au sujet des aspects de la connaissance et de ses mystères, nous nous sommes penchés sur la question de la religion vraie dont il était fin connaisseur. Mon voisin a voulu traiter la question de façon traditionnelle désuète qui suit la réalité, même mauvaise, et qui obéit au récit sans investigation. C’est cette méthode là qui a laïcisé la culture religieuse, qui a écarté l’autorité spirituelle et qui a imposé la divinité de la matière en Occident. C’est cela qui a fait tomber l’Occident dans un ravin profond de corruption doctrinale et de conduite athée; qui a mis le Christianisme en conflit avec le Christianisme, et la religion en opposition totale avec la religion… Je l’ai alors arrêté avant qu’il n’ait fait un seul pas et qu’il n’ait prononcé le premier mot.

          J’ai dit: Du calme, mon ami, et essayons de ne pas nous égarer dans l’erreur de bon gré. Nous sommes d’accord tous les deux de manière décisive au sujet du fait que la création émane d’un créateur éternel suprême qui dirige Ses affaires, et qui s’occupe de Ses créatures. C’est là une vérité et une réalité que nous vivons, et la preuve que la raison ne peut ni éviter ni contourner. Toutefois, notre connaissance du Créateur et de la Création est le problème qui a donné lieu à de nombreuses études et controverses, et qui est responsable de l’existence de nombreuses religions et d’un membre indéfini d’idées et de croyances.

          Ici, nous nous voyons obligés de bon gré ou malgré nous, de croire en l’inéluctabilité de la descente de l’inspiration qui est l’un des aspects de la miséricorde divine, du soin divin et de la sagesse éternelle. Si l’inspiration est descendue – et elle est descendue – il est inévitable qu’elle ait pour origine une source seule et unique, sans un associé qui serait son égal, sinon l’inspiration ne serait pas descendue. L’unicité, la divinité, l’éternité sont un seul être. Il n’y a pas de chance pour une religion qui porte atteinte au principe de l’unicité. C’est là un repère qui  nous conduit au fait que la vérité est exclusivement dans le camp des monothéistes.

          Ensuite vient un autre repère. C’est celui qui dit que la religion vraie entre les religions monothéistes est la religion riche en moyens de connaissance qui ont une valeur égale à celle de la vérité et de la réalité que nous vivons, de sorte qu’il suffit d’en prendre connaissance et d’étudier dans son livre pour y trouver ce qui nous a coûté tant d’efforts, et pour lequel nous avons consommé tant de nuits et de jours; pour lequel nous avons passé tant de temps et de tentatives pour l’obtenir, mais en vain et sans aboutir à un résultat qui tranquillise l’âme, ou à un fruit qui tranquillise l’esprit, ou à un résultat sur lequel le cœur peut s’appuyer[4]

          Puis vient un troisième repère. Celui qui dit que la religion vraie est celle qui guide vers le Créateur, le Très Haut, avec le Rappel de ce qui convient à Sa Grandeur comme noms, à Sa beauté comme bienfaits et à Sa majesté comme inspiration[5] … de Son unicité absolue, Son éternité, Sa Puissance, Sa Gloire et Sa Grandeur.

          Puis vient un quatrième repère qui est représenté par la façon avec laquelle le livre de l’inspiration traite la question du surnaturel d’une manière appuyée par le témoignage… et avec laquelle il aborde la question de la mort liée à celle de la vie, pour s’attaquer à la vie future confirmée par la première; la science allant de pair avec la lumière et la guidance de pair avec le droit chemin; la justice de pair avec le droit; le devoir de pair avec l’intérêt et la dévotion de pair avec la salut… Sa façon de traiter la question de la religion mettant un terme aux controverses, réduisant la philosophie au silence, éteignant les séditions, tranquillisant l’âme, disculpant la conscience, orientant la volonté, montrant le chemin. Un repère total et général, complet et exhaustif, ne subissant le mal ni de ses mains ni par derrière[6].

          Le Coran est le livre de Dieu qui tranche la question de la connaissance, qui fait taire la rébellion de la philosophie, et qui éteint la révolte du doute et de la mauvaise foi[7].

          «Si celui-ci venait d’un autre que Dieu, ils y trouveraient de nombreuses contradictions» (Les Femmes, 82).

          Ensuite vient un cinquième repère… un sixième… et un septième… J’ai continué ainsi avec le prêtre jusqu’au moment où il a changé de cap et renoncé à son opinion. Il tomba à terre, se prosterna puis il leva la tête prononçant les deux témoignages, déclarant son Islam.


[1] «Il y a sur la terre et en vous-mêmes des Signes pour ceux qui croient fermement. Ne les voyez-vous pas?» (Ceux qui se déplacent rapidement, 20-21).
[2]  Le fait que la Vérité est une chose vécue tranche le débat et le doute au sujet de la création du monde et de son existence de la part de Dieu, le Créateur, Celui qui fait exister. Il reste que la connaissance de cette vérité reste une question difficile. Toutefois, c’est une question laissée à l’inspiration et à la volonté du Très Haut «Alors que ceux-ci n’embrassent, de Sa Science, que ce qu’il veut» (La Vache, 255). 
[3] «Ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance. Il sera sûrement demandé compte de tout: de l’ouie, de la vue et du cœur» (Le Voyage Nocturne, 36). 
[4] Le Messager de Dieu a dit «L’Islam est la religion de l’Instinct» c’est-à-dire la religion de la Vérité Vécue. Dieu le Très Haut a dit: «… et selon la nature que Dieu a donnée aux hommes» (Les Romains, 30). «Voilà vraiment des Signes pour ceux qui les observent» (Al Hijr, 75).
[5] C.à.d. qui inspire ce qui convient au Créateur du monde, qu’il dirige et soigne. «Dieu, il n’y a de Dieu que lui ! Les noms les plus beaux lui appartiennent»  (Ta.Ha., 8). Et qui inspire ce que la raison remarque, ce que la conscience ressent et ce que confirment l’expérience de la vie et la réalité concrète loin des illusions, du doute et des amalgames.
[6] Le Livre qui doit nous prodiguer la connaissance suffisante pour comprendre la vie que nous vivons, sans la connaître et sans en connaître les secrets, doit nécessairement émaner de Dieu. Car seul Dieu a le pouvoir de nous faire connaître la vérité que nous vivons et nous y guider, le Créateur éternel qui l’a créée, Dieu le Très Haut, car celui qui a créée la vie est un et unique. «Il dit: «Qui donc est votre Seigneur, ô Moïse? Il répondit: «Notre Seigneur est celui qui a donné à chaque chose sa forme et qui l’a ensuite dirigée» (Ta.Ha., 50). Les efforts des apprentis philosophes, des hommes de science et autres penseurs se sont conjugués depuis des siècles et des milliers d’années pour produire une religion de leur œuvre qui mette fin à la perplexité,des mondes, ou pour publier un livre qui contient guidance, lumière et remède, mais ils échouèrent. Car seul le Créateur peut assurer le succès de ses créatures, loué soit son nom.   

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