Les Repères de la Vérité
À l’ombre de la terrasse
s’étendant vers le giron du jardin, je me suis assis avec ma solitude sirotant
le café du matin, pensant aux recoins de cette vaste propriété splendide que
mes parents, Dieu ait leur âme, m’ont léguée sur la colline orientale de la
capitale des capitales arabes. En plus de sa position élevée sur les hauteurs
qui entourent la ville, trois étages à la grâce, à l’art et à l’étendue
extrêmes, semblables à une légende ou à une forteresse ensorcelée.
Comme
à mon habitude face à la nature, ma méditation s’est détachée du monde de
l’endroit pour m’emporter très loin dans l’atmosphère, pour retomber ensuite
très loin dans les profondeurs, puis pour divaguer et disparaître, tourner sans
avoir assez, se transportant entre les vestiges et les secrets, alors que je
continuais à citer et à louer les bienfaits du Miséricordieux, et que je
continuais à passer en revue ce qu’Il a créé et à Le glorifier. Après un
certain temps, je suis revenu à moi-même, et la méditation s’est alors dirigée
dans cette direction. J’ai alors entrepris d’y entrer avec le frisson et j’y ai
vu ce que j’ai vu derrière. J’ai vu à l’intérieur de moi-même ce que j’ai vu au
cours de mon tourisme dans l’espace. J’ai trouvé que mon âme était un reflet de
la vérité cosmique et un argument de la volonté divine[1].
La méditation ayant atteint un
certain stade, me poussa dans une autre direction. Je me suis trouvé alors en
train de réfléchir à la valeur de la vie sur laquelle la volonté divine m’a
transcrit comme mot et qui a voulu que je la vive et que je la goûte dure, sans
trop la connaître.
Entre
ma cohabitation avec la réalité de la vie et la modestie de mes connaissances
de ses secrets, je cherchais pour mon conscient un tremplin à partir duquel il
est possible de connaître le secret du monde, la vérité de la mort et de la
vie, cette vérité que nous vivons avec une force qui empêche le doute au
sujet de Dieu, qui écarte la mauvaise foi au sujet de Ses noms et de Ses
bienfaits, mais que nous ne connaissons pas assez pour repousser les
communautés de démons, pour gifler leurs obsessions et ce qu’elles insufflent
dans les cœurs des insouciants qui en ignorent ses dangers. J’ai eu la profonde
conviction que le Dieu Éternel, Gloire à Lui et à sa Puissance, est un être
au-dessus des doutes et des suspicions, qu’Il est Vivant, Un et Sempiternel de
toute façon. Quels que soient notre discernement et notre incapacité, le problème
qui entoure le conscient et le laisse rêveur et instable, est une chose qui se
tient entre la vérité et la connaissance. La première est, pour nous, celle que
nous vivons, et qui est de son côté, un argument[2] contre nous.
La
deuxième est une question qui tente le conscient et séduit la volonté. Il y a
dans leur espace en particulier, dans leur mouvement, dans leur droiture, des
rapports avec l’inspiration et une obéissance aux ordres de la lumière, et
c’est là que se trouvent le secret tant souhaité, et aussi la conclusion
heureuse.
C’est
pourquoi il y a eu le conscient et aussi le libre arbitre. C’est là que réside
le gage, la responsabilité et la question des comptes à rendre[3].
Une
fois, j’ai reçu la visite du prêtre Antonio Ponti, l’aumônier de l’École
Italienne, qui habitait une maison voisine de ma maison, et qui, comme moi,
s’intéressait au tourisme et à l’inspiration. Après de longs rounds de
discussions au sujet des aspects de la connaissance et de ses mystères, nous nous
sommes penchés sur la question de la religion vraie dont il était fin
connaisseur. Mon voisin a voulu traiter la question de façon traditionnelle
désuète qui suit la réalité, même mauvaise, et qui obéit au récit sans
investigation. C’est cette méthode là qui a laïcisé la culture religieuse,
qui a écarté l’autorité spirituelle et qui a imposé la divinité de la matière
en Occident. C’est cela qui a fait tomber l’Occident dans un ravin profond de
corruption doctrinale et de conduite athée; qui a mis le Christianisme en
conflit avec le Christianisme, et la religion en opposition totale avec la
religion… Je l’ai alors arrêté avant qu’il n’ait fait un seul pas et qu’il n’ait
prononcé le premier mot.
J’ai
dit: Du calme, mon ami, et essayons de ne pas nous égarer dans l’erreur de bon
gré. Nous sommes d’accord tous les deux de manière décisive au sujet du fait
que la création émane d’un créateur éternel suprême qui dirige Ses affaires, et
qui s’occupe de Ses créatures. C’est là une vérité et une réalité que nous
vivons, et la preuve que la raison ne peut ni éviter ni contourner. Toutefois,
notre connaissance du Créateur et de la Création est le problème qui a donné
lieu à de nombreuses études et controverses, et qui est responsable de
l’existence de nombreuses religions et d’un membre indéfini d’idées et de
croyances.
Ici,
nous nous voyons obligés de bon gré ou malgré nous, de croire en
l’inéluctabilité de la descente de l’inspiration qui est l’un des aspects de la
miséricorde divine, du soin divin et de la sagesse éternelle. Si l’inspiration
est descendue – et elle est descendue – il est inévitable qu’elle ait pour
origine une source seule et unique, sans un associé qui serait son égal, sinon
l’inspiration ne serait pas descendue. L’unicité, la divinité, l’éternité sont
un seul être. Il n’y a pas de chance pour une religion qui porte atteinte au
principe de l’unicité. C’est là un repère qui
nous conduit au fait que la vérité est exclusivement dans le camp des
monothéistes.
Ensuite
vient un autre repère. C’est celui qui dit que la religion vraie entre les
religions monothéistes est la religion riche en moyens de connaissance qui ont
une valeur égale à celle de la vérité et de la réalité que nous vivons, de
sorte qu’il suffit d’en prendre connaissance et d’étudier dans son livre pour y
trouver ce qui nous a coûté tant d’efforts, et pour lequel nous avons consommé
tant de nuits et de jours; pour lequel nous avons passé tant de temps et de
tentatives pour l’obtenir, mais en vain et sans aboutir à un résultat qui tranquillise
l’âme, ou à un fruit qui tranquillise l’esprit, ou à un résultat sur lequel le
cœur peut s’appuyer[4]
Puis
vient un troisième repère. Celui qui dit que la religion vraie est celle qui
guide vers le Créateur, le Très Haut, avec le Rappel de ce qui convient à Sa
Grandeur comme noms, à Sa beauté comme bienfaits et à Sa majesté comme
inspiration[5] … de Son unicité
absolue, Son éternité, Sa Puissance, Sa Gloire et Sa Grandeur.
Puis
vient un quatrième repère qui est représenté par la façon avec laquelle le
livre de l’inspiration traite la question du surnaturel d’une manière appuyée
par le témoignage… et avec laquelle il aborde la question de la mort liée à
celle de la vie, pour s’attaquer à la vie future confirmée par la première; la
science allant de pair avec la lumière et la guidance de pair avec le droit
chemin; la justice de pair avec le droit; le devoir de pair avec l’intérêt et
la dévotion de pair avec la salut… Sa façon de traiter la question de la
religion mettant un terme aux controverses, réduisant la philosophie au
silence, éteignant les séditions, tranquillisant l’âme, disculpant la
conscience, orientant la volonté, montrant le chemin. Un repère total et
général, complet et exhaustif, ne subissant le mal ni de ses mains ni par
derrière[6].
Le
Coran est le livre de Dieu qui tranche la question de la connaissance, qui fait
taire la rébellion de la philosophie, et qui éteint la révolte du doute et de
la mauvaise foi[7].
«Si
celui-ci venait d’un autre que Dieu, ils y trouveraient de nombreuses contradictions»
(Les Femmes, 82).
Ensuite
vient un cinquième repère… un sixième… et un septième… J’ai continué ainsi avec
le prêtre jusqu’au moment où il a changé de cap et renoncé à son opinion. Il
tomba à terre, se prosterna puis il leva la tête prononçant les deux
témoignages, déclarant son Islam.
[1] «Il y a sur la terre et en vous-mêmes des Signes pour ceux qui croient
fermement. Ne les voyez-vous pas?» (Ceux qui se déplacent rapidement, 20-21).
[2] Le fait que la Vérité est une chose
vécue tranche le débat et le doute au sujet de la création du monde et de son
existence de la part de Dieu, le Créateur, Celui qui fait exister. Il reste que
la connaissance de cette vérité reste une question difficile. Toutefois, c’est une
question laissée à l’inspiration et à la volonté du Très Haut «Alors que
ceux-ci n’embrassent, de Sa Science, que ce qu’il veut» (La Vache,
255).
[3] «Ne poursuis pas
ce dont tu n’as aucune connaissance. Il sera sûrement demandé compte de tout:
de l’ouie, de la vue et du cœur» (Le Voyage Nocturne,
36).
[4] Le Messager de
Dieu a dit «L’Islam est la religion de l’Instinct» c’est-à-dire la
religion de la Vérité Vécue. Dieu le Très Haut a dit: «… et selon la nature
que Dieu a donnée aux hommes» (Les Romains, 30). «Voilà vraiment des Signes
pour ceux qui les observent» (Al Hijr, 75).
[5] C.à.d. qui
inspire ce qui convient au Créateur du monde, qu’il dirige et soigne. «Dieu,
il n’y a de Dieu que lui ! Les noms les plus beaux lui appartiennent»
(Ta.Ha., 8). Et qui inspire ce que la raison remarque, ce que la conscience
ressent et ce que confirment l’expérience de la vie et la réalité concrète loin
des illusions, du doute et des amalgames.
[6] Le Livre qui doit nous prodiguer la connaissance suffisante pour
comprendre la vie que nous vivons, sans la connaître et sans en connaître les
secrets, doit nécessairement émaner de Dieu. Car seul Dieu a le pouvoir de
nous faire connaître la vérité que nous vivons et nous y guider, le Créateur
éternel qui l’a créée, Dieu le Très Haut, car celui qui a créée la vie est un
et unique. «Il dit: «Qui donc est votre Seigneur, ô Moïse? Il répondit:
«Notre Seigneur est celui qui a donné à chaque chose sa forme et qui l’a
ensuite dirigée» (Ta.Ha., 50). Les efforts des apprentis philosophes, des
hommes de science et autres penseurs se sont conjugués depuis des siècles et
des milliers d’années pour produire une religion de leur œuvre qui mette fin à
la perplexité,des mondes, ou pour publier un livre qui contient guidance,
lumière et remède, mais ils échouèrent. Car seul le Créateur peut assurer le
succès de ses créatures, loué soit son nom.
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