samedi 3 août 2013

La Catastrophe

La Catastrophe

Gina avait hérité de son grand père paternel, Sir William Stevenson, une belle villa au cœur de la région située sur la côte Est de la Floride. Cette situation sur l’Océan Atlantique avait, en elle, un amour supplémentaire, pour ce qu’elle signifiait comme lien entre l’Occident et l’Orient.

Je me trouvais à Michigan, en visite chez Cheikh Hamad Qassimi pour lui demander quelques informations sur les procédures de mariage et les formalités officielles aux Etats-Unis en préparation du contrat que j’envisageais avec Gina, lorsque m’est parvenue comme une foudre, la nouvelle d’un ouragan qui venait de frapper la côte Est de la Floride.

J’avais quitté West Palm Beach alors que ma bien aimée avait l’intention d’y amener Umm Ahmad et les enfants en vacances. Dès que j’ai appris la nouvelle, je me suis adressé au Dieu des mondes, implorant sa bonté. J’ai ensuite cherché à partir vers la villa de mes rêves sur les sables de l’Atlantique. Une fois sur place, ce fut comme un vertige qui s’est emparé de moi. J’ai senti comme si j’étais enlevé de ce monde et je suis tombé sur le sable, craignant pour ma chérie.

J’étais abattu en voyant les ambulances et les secouristes s’agiter dans un va et vient ininterrompu, essayant de réduire les conséquences de cette catastrophe et de sauver ceux qui étaient encore en vie sous les décombres.

Je suis allé vers l’hôpital principal de la région et, après avoir examiné les différentes sections de l’établissement, j’ai vu le frère aîné de Gina, John Stevenson, sortant de la salle de soins et de réhabilitation, le visage coloré par la peur, jaune comme un citron. Dès qu’il m’a vu, il s’est jeté sur moi comme quelqu’un qui vient de trouver un être après l’avoir cherché en vain. J’ai demandé des nouvelles de Gina et il m’a pris par la main et il m’a conduit devant son lit. Là bas, au-dessus du visage angélique de ma chérie qui souffrait, j’avais les nerfs tendus, mais je me suis retenu, remerciant Dieu et j’ai dit à John : « si seulement vous pouviez m’amener deux témoins musulmans et un ma’zoune1 avant qu’elle ne se réveille. Il a accepté et il et revenu avec deux hommes de couleur qui étaient – je l’ai appris plus tard, - les deux nouveaux gardiens.

J’ai regardé John et il m’a dit, voici l’homme du contrat et voilà le second témoin, et moi-même. J’ai déclaré mon Islam, à Detroit, il y a deux semaines. J’ai souri en le félicitant et j’ai appuyé sur sa main, alors que mes yeux se promenaient sur le lit de Gina et que les larmes coulaient de mes yeux.

Gina s’est enfin réveillée. En me voyant, elle a lancé un cri, Arkâne, Arkâne… N’étaient la honte et la pudicité de l’Islam, je me serais jeté sur elle comme les Américains sans me soucier des convenances. Mais le fait de désobéir à Dieu et à l’honneur religion vraie m’a retenu.

Mais les sentiments étaient très forts. Je me suis penché sur le lit, mettant ma tête dans les couvertures. Je me suis mis à les embrasser dans les limites autorisées par la Loi de Dieu, ce qui a attiré l’attention des personnes présentes et y a suscité des sentiments humains.

Pendant que Gina répétait mon nom, John m’a relevé et il m’a aidé á me remettre de mes émotions.

J’ai alors demandé à l’autre témoin ce qu’il savait sur les formalités du mariage et il m’a dit qu’il était celui qui était autorisé à procéder aux contrats dans le quartier africain de West Palm Beach. Notre mariage a eu lieu sous les regards étonnés des personnes présentes, dans une atmosphère où la tristesse et la joie se mêlaient. J’ai alors trouvé que je pouvais donner libre cours à mes sentiments et à ma passion. J’ai relevé un peu la couverture et je l’ai embrassée sur la bouche d’une manière qu’aucun américain n’a jamais connue, ni imaginé.

J’ai levé la tête et je me suis vu comme quelqu’un qui sort du Paradis pour se retrouver dans le monde des souffrances. J’ai recommencé à passer ma tête sur sa poitrine et entre ses épaules, puis j’embrassais de nouveau sa bouche, dans une ivresse où la raison et le cœur étaient bien à leur place.

Je suis resté ainsi un bon moment, répétant mes gestes affectueux, en épuisant tout ce que l’âme a emmagasiné depuis des milliers d’années.

Les jours suivants ont connu cette même chaleur romantique et cette griserie spirituelle, alors que nous voltigions dans le royaume de la passion. Gina s’est rétablie et elle a retrouvé ses forces. Son véritable médecin était mon amour et ses médicaments ma passion autorisée par Dieu.

Mon oncle a perdu son fils cadet alors qu’il suivait le traitement des autres membres de sa famille, avec la possibilité de perdre son épouse et la compagne de sa vie, Umm Ahmad. Cet événement a convaincu mon oncle qu’il fallait revenir au pays. Cependant, c’était à Gina que revenait le mérite de l’avoir poussé à prendre cette décision.

En effet, les longues discussions avec Gina, dans les circonstances où elles ont eu lieu, et son désir d’aller en Iraq, l’y ont beaucoup préparé. En outre, John était l’un des plus enthousiastes à l’idée d’y aller.

J’avais, auparavant, informé Gina au sujet de ma mission et des symptômes de ses secrets et de ses desseins ; et que il m’arriverait de disparaître parfois et qu’elle devait l’accepter, en toute modestie. Elle n’a pas objecté, s’étant bien introduite dans la religion de Dieu.

Une fois, elle m’a posé cette question : « par Dieu, Arkâne, lequel des deux régimes, celui de Saddam et le nôtre, ici en Amérique, est le pire ? » J’ai dit non et sans hésitation : « calmes-toi, ma chérie, et sois sûre que ta question ne m’embarrasse pas. L’exemple de l’Amérique et de Saddam est comme l’exemple du diable et du misérable. Il est son partenaire dans ce qu’il fait et il lui dicte ses obsessions. Quels que soient ses excès, le misérable reste moins méchant que le diable et moins pervers. Si ma réponse ne te suffit pas, saches Gina que Saddam allume les incendies chez les gens de l’Iraq alors que l’Amérique attise les séditions partout dans le monde. Gina demanda, toute perplexe, pourquoi les Arabes ne se sont pas intéressés à l’affaire iraquienne ? » J’ai répondu : « ils observent sans cesse et sans se fatiguer, mais ils ne voient ni ne trouvent rien. Leur situation ressemble à la sienne et leur mal est le même. Le malheur de l’Iraq est une caractéristique arabe générale, et la situation des peuples arabes est semblable à la nôtre.




1 Homme de religion musulman autorisé à conclure des contrats de mariage.

Un Amour sans Délai

Un Amour sans Délai

Le matin du lendemain, alors que mon oncle se dirigeait vers la porte pour aller à son travail, j’ai entendu que l’on frappait à la porte de façon répétée et rapide, et j’ai pensé que c’était Gina. Une fois la porte ouverte, j’ai compris que je n’avais pas tort. Je l’ai accueillie et je l’ai invitée à s’asseoir en lui présentant mon oncle. Pendant que Umm Ahmad préparait le thé, madame Stevenson promenait son regard entre moi et les membres de la famille, un à un. Elle a probablement lu une image rapide de la situation peu enviable qu’elle voyait. Elle a ouvert son sac et elle a sorti un chèque dont je n’ai pas connu le montant et elle l’a offert à mon oncle en disant, c’est là un modeste cadeau à votre gentille famille, et je serais très heureuse si vous vouliez bien l’accepter. Je l’ai vite arraché de sa main laissant la main de mon oncle tendue dans le vide. Je lui ai rendu le chèque et j’ai dit : « dans tout ce que j’ai fait, j’ai cherché à satisfaire Dieu, le Majestueux, et à exprimer la vérité de ma religion. Nous les Musulmans, nous n’acceptons pas ce qui n’est pas recommandable ; nous ne décevons pas les bonnes actions, et nous ne vendons pas gratuitement ce que Dieu nous a donné.

Elle a dit en balbutiant : « ce sont dix mille dollars que j’offre aux enfants en récompense de votre attitude et de votre secours.

Mon oncle a crié sur un ton de reproche : « laisses de côté tes leçons, Arkâne, car c’est de la folie, pour des gens dans notre situation, de refuser ce cadeau ».

J’ai dit : « c’est une folie qui m’honore et que je préfère à une raison qui sera au dépens de mon honneur ».

Le débat fut violent entre nous alors que Gina était dans l’embarras. Elle pris le chèque qu’elle a tendu à mon oncle en me regardant et en me priant de la laisser faire un geste envers les enfants… Considère cela comme un cadeau d’une sœur. Quant à toi, mon cœur est plein d’a… Elle a voulu prononcer un mot blâmable mais elle a deviné le concept des Musulmans concernant l’amour. Elle a fait semblant de chercher le mot juste et elle a poursuivi : « mon cœur plein de considération pour toi ne trouve rien dans le monde qui vaut ta valeur à mes yeux.

J’ai regardé le sol et je suis sorti d’une scène dont je ne voulais pas faire partie. Gina m’a suivi, suivie de sa grosse voiture, en m’appelant et en me suppliant de m’arrêter. Je me suis arrêté et je l’ai vue tomber à terre morte de fatigue. Je l’ai portée à sa voiture, et j’ai vu mon manteau étendu sur la vitre arrière. Je l’ai mis entre nous deux, puis je l’ai approchée de moi, essayant de calmer son souffle et sa passion. Elle a bougé sous la chaleur de mon étreinte, et je lui ai rappelé que c’était là le maximum de ce qui était autorisé, car sans la permission de Dieu et sans contrat légal, il était inutile d’essayer de me mettre dans l’embarras et de subir la colère de Dieu. J’ai été bon avec vous ; ne me faites pas du tort. Elle se dégagea en disant : « je t’aime. Epouses-moi comme tu veux que le mariage soit, mais je vois que tu détestes les Américains et tu as détesté en moi le fait que je suis une des leurs. J’ai beaucoup ri après ses paroles avant de répondre : « qu’ai-je à faire avec votre amour ou avec votre haine, vous le Américains ? C’est plutôt le système de gouvernement que vous avez choisi et la démocratie licencieuse que vous adorez ; l’injustice que vos politiciens exercent, les interdits dont vous faites un message et l’agression qui est devenu, pour eux, doctrine et loi. Quant au peuple, nous n’avons rien contre et nous ne sommes pas en guerre avec lui. Ce que nous détestons chez vous, nous le détestons chez nous, et le mal est le frère du mal.

Elle s’est entourée du manteau de nouveau et elle a repris sa place sur mon bras. La voiture s’est arrêtée dans un endroit vide où il n’y a pas de bruit.

Là-bas, sur un tapis d’herbe humide, elle s’est assise à côté de moi, mon manteau nous séparant toujours.

Elle m’a dit : « puisque tu aime les Américains et tu déteste leur gouvernement, pourquoi ne m’épouse-tu pas. Moi, je t’aime, j’aime ton peuple et je déteste le gouvernement de ton pays ».

J’ai répondu en appréciant ses paroles : « ce qu’il y a de plus beau dans l’amour, c’est son début. Dès qu’on le dépasse, on en sort. Jouissons donc de ce début ».

Elle a dit : «  c’est une philosophie assez tendre qui porte beaucoup de ce que les poètes recherchent, mais elle ne sert pas la réalité ni ne satisfait le corps ».

J’ai dit : « j’attends quelque chose et je te prie de ne pas me demander quoi. Si Dieu décide ce qui autorise notre mariage, je le fais, car il y a dans mon cœur envers toi plus que tu n’as envers moi. Mais je suis tenu par les enseignements de la religion de Dieu et tu ignores ses provisions. Je cache en mon cœur une passion que tes paroles sont incapables d’exprimer.

Les jours ont passé, et il y a eu plusieurs rencontres entre moi et Gina. En vérité, ma passion pour elle est devenue si forte que cela devient insupportable pour un être raisonnable, surtout qu’elle avait commencé à se transformer et à devenir plus attentive aux règles de conduite, et à s’écarter des résidus de la démocratie licencieuse pour s’élever vers la pureté spirituelle suite à une décision ferme qui ne laisse pas place au doute, surtout lorsqu’elle m’a reçu dans la maison familiale au cœur de Miami, la tête couverte d’un foulard, à tel point que j’ai failli la prendre dans mes bras. Elle est apparue si belle que les meilleurs portraitistes auraient été incapable d’en faire le portrait.


Son enthousiasme pour la vérité, et sa hâte de se convertir, n’ont pas cessé. Au cours d’un dialogue autour de l’unicité, de la création du monde, de la place de l’Islam dans l’histoire messianique, Gina s’est levée et elle a prononcé les témoignages pour déclarer devant les gens son Islam. Ma joie était si grande, car sa décision ne visait pas à renforcer nos relations ni à me convaincre pour l’épouser, mais parce que Dieu l’a guidée. J’ai alors remercié Dieu.

Une Bataille sur la Plage

Une Bataille sur la Plage

J’ai passé des jours à attendre l’occasion de m’entretenir avec mon oncle qui revenait du travail exténué. Cette occasion se présenta le soir d’un jour férié. Je me suis approché de lui pour me plaindre de la réalité de ma vie et de ce qui me travaille et il ne trouva à dire que « es-tu, par hasard, un messager pour cette partie du monde ? Nous avons quitté notre terre et nous avons fui notre pays en raison des circonstances que tu connais et de l’oppression qui nous poursuivait. Nous n’avions par le choix. Tous les pays arabes sont l’Iraq et leurs gouvernements sont des copies de son gouvernement même si les méthodes et les degrés diffèrent.

Je n’ai pas répondu sachant qu’il était inutile de répondre, mais mon cœur a caché cette réponse qui allait de pair avec ses battements. J’avais, en effet, décidé de fuir le pays du diable, le grand frère cancéreux de Saddam qui est à l’origine de notre émigration.

Je suis sorti, ce soir-là, errant, l’esprit et le cœur pleins de tristesse, et je me suis dirigé vers la plage. Chaque fois que mon regard tombait sur un interdit, je le dépassais. J’ai fini par m’éloigner des groupes de noceurs et je suis arrivé à un endroit où j’ai aimé être seul. Quelques minutes après, une jeune et belle fille est passée devant moi, portant des habits de plage bien transparents. J’ai détourné mon regard, et voici qu’un groupe de voyous s’est mis à sa poursuite, et il est apparu d’après leur démarche qu’ils lui voulaient du mal.

Je me mis quelques secondes à les observer et, un quart d’heure après, des cris s’élevèrent. Les voyous s’étaient attaqués à la fille dont la beauté les a charmés et dont la nudité les a séduits. Je me suis levé sur le champ, l’élan mohamédan réveillant tout l’Islam en moi, et je les ai vus se la passer l’un l’autre, alors qu’elle était au milieu comme un ballon que les joueurs s’envoient. J’ai alors dit Allah Akbar et j’ai commencé à les frapper de la droite et à leur donner des coups de pied. Ils furent abasourdis et ils reculèrent.

La pauvre fille s’est appuyée sur moi en pleurant, et elle m’a vu la repousser gentiment de peur de commettre un péché. Elle me regarda d’un air étonné. Je lui ai fait signe de rester à une petite distance de moi, ce qu’elle a fait. J’ai pris alors mon manteau qui était sur le sable après la bataille et je le lui ai donné pour cacher sa nudité qui était encore plus flagrante après l’agression. J’ai dit pour la consoler : je suis désolé pour ce qui vous est arrivé, ma sœur, et je vous demande d’excuser mon retard à vous porter secours. Elle a répondu, toute étonnée, combien de vos semblables, jeune homme, sont loin d’être des humains.

Je n’ai pas voulu la blesser et j’ai gardé ma question en me disant à moi-même « Si seulement vous saviez combien je suis loin d’être américain ».

Mon silence l’étonna encore plus et elle dit : « excusez-moi beaucoup, mais votre accent anglais troublé, vos traits et votre magnanimité montrent que vous venez d’un pays que j’ignore ».

J’ai pensé lui donner une réponse vague, puis j’ai levé la tête et j’ai dit : « je suis musulman en provenance des pays arabes ». Je me suis mis à répéter en moi-même : « vous n’ignorez, à notre sujet que notre réalité. Vos gens, jeune fille, voient les choses selon leurs intérêts et selon leur humeur ». Elle a crié : « vous êtes donc arabe, et musulman aussi? »

Je n’ai pas répondu, puis elle a dit : « mais les media ont des discours qui démentent ce que j’ai vu ».

J’ai dit : les media font-ils autre chose que mentir. Car si les choses allaient normalement, il n’y aurait pas eu besoin de media – sauf, peut être – pour démasquer leur mensonges1 qui sont devenus un poison quotidien.

Elle a dit en se rapprochant de moi, « pour quelle raison vous vous éloignez de moi ? »

J’ai dit : « c’est la religion. Le Musulman n’a de la femme que son épouse et, à part cela, il a sa mère, sa sœur, ou sa fille, selon son âge ».

Elle a dit : « mais cela est idéal, c’est une vie angélique ».

J’ai répondu : « les choses ne sont pas comme vous le pensez. Les Anges ne se marient pas. Ils ne procréent pas et ils ne vieillissent pas. Ils ne sont ni mâles, ni femelles. Ils n’ont donc ni conjoints, ni mères, ni frères ni sœurs. Je vois que vous défendez la culture de gens égarés, et vous avez oublié que vous avez failli, il y a peu, être la victime de vos idées et de ce que vous croyez.

Elle dit, ses yeux fixant mon visage, en m’observant avec joie et admiration qui lui ont fait oublier ce que l’incident a laissé dans son esprit et ses nerfs : « comment l’amour a-t-il lieu dans votre culture ? » j’ai répondu : « craignez Dieu, dites le bien, détournez-vous de la licence et des interdits et faites, ensuite, ce qui bon vous semble.

Elle se colla contre moi de force et elle approcha son visage pour l’embrasser. Je l’ai écartée en disant : « je ne suis pas ce que vous pensez ». Je me suis contenté de l’éloigner un peu et j’ai embrassé son épaule droite. Elle n’a pas voulu rater cette occasion qu’elle recherchait tant et elle a fait de même.

Je me suis levé et j’ai commencé à me débarrasser des grains de sable. Elle fit de même là où mes yeux ou mes mains n’arrivaient pas, puis elle commença à se débarrasser à son tour des grains de sable, tout en me regardant, espérant une initiative de ma part.

J’ai dit en souriant : « écoutez, ma sœur d’Amérique, je ne vous toucherez jamais, sauf avec la permission de Dieu. Ne vous attendez donc à rien de ma part, car vous avez pour les interdits une passion qui n’a d’égale que la passion des Musulmans pour ce qui est légal.

Elle a souri en me suivant et, une fois fatiguée, elle a dit, « ne pouvez-vous pas aller moins vite, vous l’Arabe ?… J’ai répondu favorablement à son souhait. Elle a respiré et elle a ajouté : « je ne voudrais pas que cette compagnie s’interrompe et j’aimerais tant que notre séparation soit impossible et que notre promenade ne finisse pas.

En dépit de son souhait, nous sommes arrivés. Nous étions devant un bâtiment touristique somptueux devant l’entrée duquel est apparu un homme corpulent, le visage rouge, ayant la quarantaine. Elle le signala et elle me le présenta : « c’est mon frère, John Stevenson ». Il s’est mis à me saluer chaleureusement avec le sourire et à me parler de manière vivace. Je me suis présenté et j’ai entendu la jeune fille répéter mon nom : Arkâne, Arkâne…

Elle a dit, ses yeux survolant mon visage : « comme vous êtes remarquable et comme je souffre ». J’ai levé alors ma main droite en saluant puis je me suis retourné sous une rafale de cris : Arkâne, Arkâne, Arkâne.

J’ai senti, en cours de route, que je n’étais pas seul et que quelqu’un me suivait.  Je l’ai regardé et j’ai vu un homme noir âgé, dépassant la soixantaine, et craintif. Il m’a dit en balbutiant : « Madame Gina m’a envoyé… c’est la demoiselle Stevenson, et elle m’a demandé de rapporter votre adresse. Par Dieu, cher monsieur arabe, je vous prie de m’aider. C’est une dame très généreuse et très gentille avec moi mais elle ne me pardonnera jamais si je reviens les mains vides.

Je n’ai pas hésité longtemps. Quel que soit son désir, je ne ferais du mal à personne, s’il plaît à Dieu. J’ai poursuivi mon chemin et je suis arrivé devant la porte de la maison.




1 S’il n’y avait pas les media menteurs, il n’y aurait pas eu un besoin des media, sauf pour des communiqués, une invitation au bien ou une cause juste.

Notre Maison à West Palm Beach

Notre Maison à West Palm Beach

Après les deux prières du soir, je me suis mis à passer en revue ce que j’ai subi et ce que j’ai enduré, tout seul.

Tandis que mon oncle a trouvé une issue dans le voyage qui était son seul souci pour chercher à assurer sa subsistance et celle de sa famille, je me trouvais moi face à l’un des aspects les plus violents des défis dans ce défenseur du sionisme et ce diable du siècle. Les aspects de son hostilité envers nous et ses sentiments à notre égard dominent tout ce qui est américain. L’esprit des fils de Sion alimente les yeux des Américains en méchanceté et en mauvaises intentions. C’est un cas qui a fait la synthèse entre les deux pour en faire un mal unifié. La haine des Arabes et l’aversion des Musulmans étaient clairement ressenties à l’aéroport même et dans les agissements des agents de la sécurité et des douanes, ainsi que dans le comportement des services de traitement des citoyens de l’Orient islamique, en général, et du Moyen Orient, en particulier.

J’ai alors senti la gravité de la tragédie à laquelle nous a acculé l’oppression locale et la gravité de la faiblesse dans laquelle nous ont plongés les régimes arabes.

Abou Saïd al-Basri ne s’intéressait pas à la chose, de même que mon oncle et les siens. Ces gens-là et leurs semblables n’ont d’autres ambitions que le strict nécessaire pour vivre. S’ils s’en privent quelque part, ils vont ailleurs. Je me suis posé alors cette question : la révolution générale sur tout l’étendue de la terre arabe et islamique n’est-elle pas plus supportable que cet incendie qui me consume ? Allons-nous jamais nous réveiller sinon à travers un incendie ravageur ?…

Si l’habitude s’empare de l’esprit et de l’âme, mon esprit n’a cessé avec le temps de sentir le refus, et il n’a fait qu’augmenter son hostilité envers une nation qui a dépassé les limites.1

N’était l’amour de la vie jusqu’à l’adoration et l’attachement à ses biens jusqu’à l’égarement, aucun homme sensé ne serait venu à ce pays et ses habitants eux-mêmes n’y seraient pas restés.

La Floride et les autres États d’Amérique représentent la vie trompeuse, le despotisme organisé, la débauche respectable. Ils constituent un État qui a causé, depuis cent ans au moins, la misère du monde entier, et le malheur de toute la nation arabe et islamique.

Miami en particulier et la région de West Palm Beach, encore plus particulièrement, ont à cause de leur nature aride, un cachet désertique en dépit des beautés artificielles et des panneaux qui bordent leurs routes.

Notre maison se trouve à neuf kilomètres de la côte, au cœur d’un quartier populaire très modeste, où habitent certains noirs d’origine africaine alors que la plupart des habitants sont d’origine mexicaine. Ils sont connus pour leur nonchalance, leur paresse et leur préférence des travaux qui ne demandent pas de l’effort. Ils appartiennent, peut-être, à une espèce humaine qui trouve dans les excès, le trafic et les manœuvres un moyen de vivre plus facile.

D’autres parmi ces gens ont quitté cette voie pour exercer leur nonchalance sur des routes droites et leur paresse sur les trottoirs tranquilles, en vendant des ignames ou des tranches de viandes rôties qui envoient sur le visage des touristes et des clients des nuages d’odeur de rôti. Devant et derrière nous, à droite et à gauche, les habitations modestes et les taudis délabrés, les maisons des trafiquants de drogue et des mafieux, les vendeurs de produits interdits et leurs bandes ; les marchands d’or et de diamants qui constituent une classe particulièrement riche, en dépit du profil bas qu’elle pratique et qui donne du fil à retordre aux autorités de cet État, incapables de les maîtriser et qui, peut-être, ferment les yeux sur leurs activités, assurant de larges bénéfices au tourisme de débauche et aux maisons de jeux. La religion capitaliste américaine basée sur la déité de l’argent autorise beaucoup de choses interdites même si elle fait semblant de les combattre.

L’atmosphère de la vie à West Palm Beach ne manquait pas de ces interdits nouveaux et des formes de débauche additionnelles, qui paraissent, aux yeux des Américains autrement qu’aux yeux des Musulmans pieux.

La démocratie du sexe, ou sexocratie dans cette société-là, a réussi à présenter des images et des gadgets, des pratiques et des trucs, des relations et des échanges que les anciennes pratiques pornographiques n’ont pas connus.

J’ai fini par avoir la conviction que la régime de Saddam, situé entre la rectitude et les passions et entre l’Islam et la perversion, est sur le point de s’imposer à la grande majorité des concepts entre nous et les Etats-Unis, en particulier, ce qui rend le conflit entre nous et eux inévitable, voire soutenu du fait de la nature messianique cosmique des deux parties.

Car alors que le Très Haut nous a ordonné de diffuser la religion sur chaque pouce de la terre, et pour lui donner la priorité sur toute autre religion,1 l’Amérique s’emploie, de son côté, à imposer sa démocratie dissolue sur les pays du monde, comme religion pour le monde. Elle est allée si loin que cette innovation est devenue son objectif et l’un des secrets de sa mission.

Avec le temps, je me suis aperçu à quel point ma décision d’obéir à la volonté de mon oncle a été idiote. Cette décision qui m’a mis en confrontation avec moi-même, m’imposant une lutte avec mon âme qui m’occupe les heures du jour et de la nuit… J’ai tellement souffert surtout lorsque je pensais à mes rapports avec mon Dieu et à ma peur pour ma religion.

Mon Dieu, comment ai-je pu me laisser entraîner ainsi, en faisant taire ma fierté, et comment ai-je pu décevoir les gens. Je dois corriger par l’audace, ce que l’hésitation a gâché.



1 La nation américaine ne respecte pas les lois divines et elle n’est gouvernée que par ses passions.
1 Le Très Haut a dit : « C’est lui qui a envoyé son Prophète avec la Direction et la Religion vraie pour la faire prévaloir sur toute autre religion. Dieu suffit comme témoin » [La Victoire, 28].

Le Départ

Le Départ

Mon oncle est venu me trouver un soir après m’avoir longtemps cherché dans les quartiers et sur la place publique, alors que je rentrais de l’endroit qui me plaisait tant, tellement les gens en avaient peur, ce qui me donnait un lieu de solitude idéal pour les méditations…

Il avait le visage ouvert, portant la bonne nouvelle, et il m’a dit après le salut : « Une bonne nouvelle, Arkâne, nous avons obtenu les visas d’entrée sur le territoire américain. Je lui ai envoyé un sourire de derrière mon cœur et ma passion, de mon espoir et de mes aspirations. J’ai fait semblant de partager sa joie, puis il m’a quitté tout heureux et fier.

J’ai obéi à la volonté de mon oncle et à la décision à laquelle il a eu recours en l’absence d’autres alternatives, car les pays des Musulmans et des Arabes ne sont plus des patries où l’homme libre se sent en sécurité. La fierté y est devenue rébellion et l’honneur un fauteur de troubles. Quant à la liberté, elle est devenue comme les ruines couvertes par le vent et le sable.

Si mon cœur est fortement attaché à sa fierté, ma langue, elle, est soumise au fait accompli et n’a plus de moyens en raison du despotisme infernal d’un régime qui est un modèle complet des régimes arabes sous toutes leurs formes. Ce régime qui n’a rien trouvé d’autre dans la longue histoire islamique qui convienne à sa nature, et qui enrichisse son expérience, que de tirer l’eau des marécages des époques mamelouke et ottomane, laissant de côté l’eau pure des époques lumineuses du passé.

En effet, derrière les prétentions de libération et des slogans de l’union, il y a des faits amers contre les peuples ; des pratiques destructrices contre la religion ; despotiques envers la vie ; faibles face aux défis, mesquins face aux risques ; résignés devant les invasions ; lâches devant les devoirs ; roublards à l’égard du droit ; trompeurs, agents, dociles, n’ayant pour ennemi que le droit, et pour adversaire que le peuple ; d’allié que le mal, et il n’y a de volonté et de force que dans la maudit diable sioniste.

Ce qui est pire encore, c’est que l’appel à l’arabité sur une base laïque n’a eu pour résultat que le massacre des Arabes par des Arabes, la séparation des Arabes avec les autres Musulmans et la mise à mort des cellules de la vie morale, des valeurs et des significations des messages d’une nation qui n’avait aucune valeur avant l’Islam, et à laquelle il ne restera aucune valeur après l’Islam, sauf des forêts de corps et des quasi-hommes pesant des tonnes.

Si nous jetons un regard sur l’expérience laïque qui a prétendu défendre le nationalisme, qui s’est mise à l’ombre des bannières de l’union, et qui a lancé les cris de l’arabité, nous trouvons que cette expérience a dépassé ses sœurs en injustice et en despotisme et qu’elle a dépassé les précédentes en ignorance et en charlatanisme.

Les nations qui négligent leurs affaires        et leurs intérêts, qui attisent leurs différends, qui ont perdu leurs pasteurs, ces nations-là perdent le chemin du droit, et elles s’écartent des voies du bien et de l’espoir.

Quelques jours après, l’avion qui nous transportait, atterrissait à l’aéroport de Miami, la principale1 ville de l’État de Floride2 à l’heure où le soleil se dirigeait vers le couchant.

Hajj Abou Saïd al-Basri, l’ami intime de mon oncle et celui qui a eu l’idée de nous proposer de venir et de nous amener bien loin du Noble Najaf, était là pour nous accueillir. Il nous a conseillé de nous diriger, dès que les formalités et les mesures de sécurité concernant les arrivants Arabes, auront été accomplies, vers West Palm Beach. Sa voiture, une Sherokee, nous amena à destination en moins de quarante minutes. Après un bref repos, et les principes d’amitié et de soin du visiteur dans la Sunna de l’Islam, nous étions à la maison que  cet ami fidèle avait louée et préparée pour nous.





1 Les principales villes de Floride ont Jacksonville, Miami et Tampa.
2 La Floride est située au Sud-Est des Etats-Unis d’Amérique. Elle est bordée, à l’Est, par l’Océan Atlantique, à l’Ouest par le Golfe du Mexique et au Nord par les États de Georgie et de l’Alabama. Sa superficie est de 151.940 km2 et sa population est estimée à 14 millions d’habitants environ, y compris 15% d’émigrés cubains et d’autres venus des pays hispaniques comme les Mexicains et les Portoricains. Cet État s’étend sur la partie orientale du Golfe du Mexique et au Sud, sur les îles qui portent son nom. C’est une langue de terre de 645 kms de long qui sépare le Golfe du Mexique de l’Océan Atlantique

Confrontation dans le Monde des Souvenirs

Confrontation dans le Monde des Souvenirs

Mon oncle a tourné la page sur ce qu’il a cru être mon cas, et il l’a attribué à mon jeune âge. Je n’avais pas plus de vingt quatre ans, en effet, comme me l’a dit, ma tante son épouse lors d’une conversation au cours de laquelle elle n’a pas pu cacher sa considération et son admiration pour mon courage. Elle a particulièrement apprécié ma capacité à ne rien dévoiler et à supporter les accusations et la mauvaise foi, car il y avait, dans l’événement qui s’est produit, une vérité et une réalité indiscutables, à ses yeux. Elle m’a toutefois souhaité que je l’aide à dissiper le voile qui cache les soupçons de mon oncle, malgré tout l’amour qu’il me portait et sa patience vis-à-vis de mes actes.

J’ai senti en mon âme une forte envie de revoir la cité des figues de Barbarie, le jardin des souhaits et ma seule patrie dans tout l’Iraq. Le régime infernal de Saddam n’a pas laissé au Musulman libre un lien avec sa patrie. Il a même enregistré, dans sa haine des Musulmans et son injustice envers eux, des records que seuls le sionisme américain et Israël ont dépassé.

En y arrivant, je suis allé sur une petite dune, du côté qui suit le lieu d’atterrissage des vaisseaux, et je me suis laissé aller aux méditations et aux souvenirs, cherchant un peu de repos après la vie dure au cœur de Najaf. Je me suis mis à regarder les endroits qui me sont chers, là où nous nous sommes rencontrés et qui ont gardé le secret de nos histoires.

Pendant que j’étais ainsi en train de tisser mes rêves, j’ai aperçu un oiseau géant, au cou nu et noir, s’approcher puis s’éloigner de l’endroit où les vaisseaux atterrissaient face à la dune. J’ai pris alors en main le Livre de Dieu ; j’ai mis un caillou dans mon lance-pierres, et je me suis mis à louer Dieu et à l’implorer. L’oiseau s’est envolé et il a disparu dans l’horizon lointain.

Toutefois, son départ et le fait que j’étais débarrassé de lui n’ont pas tardé longtemps, car ce visiteur du soir a créé en moi doute et méfiance, et dans mon cœur la peur. Je le repoussais autant que possible. J’implorais Dieu, et je gardais le silence en écoutant ses tentations auxquelles je continuais à résister. La confrontation s’étendit à tout mon être et à toutes mes aspirations, au point que j’étais au bord du ravin et de la chute, n’était l’aide de Dieu qui m’a entouré de sa bonté et de ses soins. Ce vagabond m’a tellement harassé jusqu’à m’étouffer, et j’étais dans un état de perplexité et de fatigue que je n’ai jamais connu auparavant.

Je me suis vu, sans le vouloir, attiré vers ce que je n’aime pas, rempli d’idées ennuyeuses, avec des imaginations irraisonnables ; puis tout devint noir, les rêves comme les horizons, et je suis arrivé à un point où la mort était devenue un souhait, la vie une mort et l’existence une chose oubliée. Il ne restait en moi que la peur et le relâchement ; il n’existait de lien entre moi et mon monde que le sentiment d’être entraîné vers l’horreur et la disparition.

J’ai compris alors qu’une méchante volonté m’attaquait et qu’une âme de Djinn envahissait ma volonté, afin que je suive mes désirs et que j’exécute ses volontés, en me soumettant à l’hypocrisie de son insistence.1

Pendant que je faisais le deuil de mon être, de ma raison et de mon repos, un noble verset du Livre du Très Haut est apparu sur l’écran de mon conscient, et je me suis mis à le réciter et à en saisir le sens.2

Puis vint un autre verset.3

Je suis alors sorti de ma crainte et je me suis libéré du joug des obsessions en récitant : « On lancera contre vous deux, des jets de feu et d’airain fondu et vous ne serez pas secourus » [Le Miséricordieux, 35].

« Les pièges de Satan sont vraiment faibles » [Les Femmes, 76].

« Dis : mon Seigneur, je cherche ta protection contre les séductions des démons » [Les Croyants, 97].

« L’entretien secret provient du Démon qui veut affliger les croyants. Mais il ne peut en rien leur nuire sans la permission de Dieu. Que les croyants se confient donc en Dieu » [La Discussion, 10].

Les versets se sont ainsi succédés sur la page du conscient, et j’ai compris que la bonté de Dieu a rétabli la santé et la vie de ma volonté et que cette dernière a repris sa place. Je me suis vu en train de réciter : « Il n’avait aucune autorité sur eux si ce n’est pour que nous discernions celui qui croit en la vie future de celui qui en doute. Ton Seigneur est le Gardien vigilant de toute chose » [Les Saba’, 21].

« Si le Démon t’incite au mal, cherche la protection de Dieu : Il est celui qui entend et qui sait tout » [Les Versets Clairement Exposés, 36].

« Tu n’a aucun pouvoir sur mes serviteurs » [Al-Hijr, 42].

« Quand tu lis le Coran, nous plaçons un voile épais entre toi et ceux qui ne croient pas à la vie future. Nous avons placé un voile épais sur leurs cœurs ; nous avons rendu leurs oreilles pesantes afin qu’ils ne comprennent pas. Lorsque dans le Coran tu évoques ton Seigneur, l’Unique, ils tournent le dos avec répulsion » [Le Voyage Nocturne, 45-46].

L’adversité commença à se dissiper peu à peu, et j’ai commencé à reprendre mes forces.

En vérité, rien ne m’a jamais donné autant de soucis dans ma vie que cet incident, mais il a renforcé ma détermination ; il a rendu flexible ma volonté et il a dissipé la peur de mon esprit.

Ce fut l’une des confrontations les plus graves que j’ai vécue. En effet, j’ai fait échouer les mauvaises intentions de l’ennemi apostat et du Démon grâce à une faveur que Dieu accorde aux croyants. Combien n’ai-je pas souhaité que nous ayions, nous les Arabes et les Musulmans, une véritable détermination qui oblige l’Amérique à cesser ses méfaits, à ne plus recourir à la ruse, et à la ranger dans la catégorie de l’échec militaire et colonialiste, et c’est là, la moindre des choses.



1 Il s’agit là de l’âme conquise par le Djinn, ou l’âme mauvaise, lorsque l’homme perd la volonté et qu’il devient habité par un esprit étranger et attiré par une volonté autre que la sienne.
2 « Lorsqu’une légion de démons s’en prend à ceux qui craignent Dieu, ceux-ci réfléchissent et voici qu’ils deviennent clairvoyants » [Al ‘Araf, 201].
3 « Tu n’a aucun pouvoir sur mes serviteurs » [Al-Hijr, 42].

Combat avec les Djinns

Combat avec les Djinns

Après une heure de chez nous dont j’ai passé les minutes à revoir les images et les tableaux de nos rencontres, je me suis dirigé vers notre quartier, pendant que ma pensée allait profondément dans les souvenirs, réveillant la tristesse et les peines. Je suis arrivé à la place que les mains des démolisseurs ont agrandie, après avoir détruit les taudis des gens paisibles sous divers prétextes fallacieux. J’ai vu alors un jeune garçon, la tête tournée vers un mur.1 Le jeune garçon avait pris une attitude qui rappelle l’écolier qui est puni, ou qui a peur que quelqu’un ne le reconnaisse s’il tourne la tête. J’étais ébahi de le voir, car tout en lui me laissait croire que c’était moi.

Je me suis approché de lui, très troublé ; il se retourna, et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me suis aperçu que c’était mon visage, voire moi-même entièrement. Il éclata de rire, en se moquant et il se retint quelques secondes avant d’éclater en colère et de hurler. J’ai alors fait le Rappel de Dieu et répété, au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Je me suis rappelé les paroles de Ronca Cham au sujet des Djinns rancuniers et leurs pièges. J’ai touché le Saint Coran que mon père m’avait laissé. Je l’ai sorti de ma poche. Il était aussi grand qu’un fruit de jujube gardé dans un étui en argent. J’avais avec lui un secret que seul le Dieu des mondes connaît. Chaque fois que je l’ai tenu en main et que je l’ai pressé, j’ai senti que la force de la terre entière était entre mes mains et que je ne craignais aucun danger même si une montagne de trahison m’attaquait. J’ai lancé un Allah Akbar retentissant suivi d’un coup de poing sur le visage de cet individu. Le misérable prit la fuite dans l’air. J’ai vu alors les enfants du quartier et quelques hommes et jeunes s’approcher de moi ébahis et me poser des questions. Ils étaient habitués à me voir agir ainsi avec les mercenaires du régime et les agents de l’ombre. Je n’ai pas voulu les informer, ni leur dévoiler sa réalité afin d’éviter la sédition et les accusations. Je les ai tranquillisés en leur disant que c’était là un exercice que je suivais pour les cas où. Mais les gens ont continué à affluer de tous les coins du quartier.

Et voici, l’uléma célèbre du quartier, Cheikh Harazeddine qui pressait le pas dans ma direction, pendant que les gens lui ouvraient le passage en disant Allah Akbar, jusqu’à arriver chez moi, alors qu’il était tremblant de colère et qu’il a failli se retirer. Il me salua, l’air renfrogné et il dit d’un ton ferme : qu’avez-vous avec ces comportements stupide que vous ne cessez d’avoir et que d’autres subissent. Je vous ai averti plusieurs fois, et c’est la dernière fois que je vous préviens, après quoi nous vous laisserons à votre sort.

J’ai répondu à son discours par le silence, et j’ai repoussé ses paroles par mes regards, pendant que les gens gardaient le silence, ne sachant que faire.

En effet, le vénérable cheikh avait un statut parmi eux, et j’avais moi, une bonne réputation. Lorsqu’il dépassa les bornes, j’ai crié très fort afin que tout le monde entende : Le péché est le péché de ceux qui sont installés (au pouvoir), l’égarement est celui des faibles qui hésitent, qui subissent le gage mais ne le portent pas ; qui se font imams rien que pour la notoriété, sans en garder le contenu. S’ils avaient accepté le combat, leurs partisans n’auraient pas déserté, et leurs subordonnés ne les auraient pas abandonnés. Ils ont préféré la faiblesse et ils ont tendu leurs cous aux despotes. Si la religion avait été suivie et si la promesse de Dieu aux moujahidines avait été réalisée, un dixième de ceux qui ont été assassinés, aurait suffi à renverser la corruption et à diffuser le bien dans le pays. Mais vous vous êtes passés en héritage la lâcheté et l’abandon qui sont devenus vos habitudes et vous avez choisi de rester assis, semblables à des décors et à des meubles.1

Le cheikh fut abasourdi et les gens présents perplexes. Je me suis faufilé en direction de la maison de mon oncle. Je suis allé à toute vitesse, bien déterminé, l’impatience m’habitant et mettant mes nerfs à l’épreuve.

Il était clair pour moi que si les peuples arabes et musulmans n’allument pas, à travers les woulats1 ascètes et le ulémas pieux – les incendies du changement dans leurs régimes, et s’ils ne diffusent pas les bannières du passage à l’Islam dans leurs sociétés, la nation vivra un événement2 qu’elle n’a jamais connu auparavant, et elle connaîtra le pire des héritiers, l’Amérique, que son passé et son histoire ont connus.

J’ai rencontré mon oncle à quelque distance de la maison. Il y avait dans ses traits de la colère, et j’ai eu le sentiment que quelqu’un l’a mis au courant de ce qui s’est passé sur la place. Il a dû pressentir un malheur et il s’est contenté de répondre à mon salut et de poursuivre son chemin. J’ai pensé qu’il allait à la rencontre du cheikh Harazeddine. Quelques pas après, je frappais à la porte du cheikh. J’ai attendu et j’ai continué à frapper avec insistance, sans succès. Tout d’un coup, la porte s’ouvrit et je vis mon oncle debout comme s’il voulait m’interdire de rentrer. Je fus pris de panique. J’avais vu mon oncle se diriger vers la maison du cheikh et le voilà debout devant la porte ! J’étais dans un embarras total.

Soudain, j’entendis venant de la pièce intérieure, des appels au secours, répétant mon nom. J’ai voulu rentrer mais il m’en empêcha. Les appels devinrent plus forts accompagnés de cris d’enfants. La mère cria : Aides-nous, Arkâne, ton oncle a perdu la raison. Il nous a liés, moi et les enfants et il s’est mis à nous battre, chose qu’il n’a jamais faite toute sa vie. C’est comme s’il était une personne qui ne nous connaît pas ou un diable que nous ne connaissons pas.

Se paroles m’ont ouvert les yeux sur l’état de ce misérable qui se tenait devant la porte. J’ai alors touché le Livre de Dieu et je lui ai donné un coup de poing dans la figure accompagné d’un Allah Akbar tonitruant. Il a lancé un cri strident et il a disparu. La pauvre femme s’est mise à pleurer et à regretter son époux. Les enfants étaient épouvantés à l’idée que leur père était mort et qu’ils allaient être orphelins.

Soudain, mon oncle est apparu devant moi et j’ai pensé que c’était l’homme que je venais de frapper. J’ai crié Allah Akbar voulant lui asséner un coup. Il hocha la tête étonné en disant : Combien tu es froid, mon neveu ; n’as tu pas assez fait au milieu de la place avec ton comportement et tes exercices ?

Sa femme cria alors du fond de la pièce : « Loué soit Dieu qui t’a retourné à nous, Ahmad ». Que Dieu te pardonne ce que tu nous as fait. Il n’a pas compris et elle non plus puisque ni elle ni le enfants n’étaient liés. Mon oncle prit sa tête entre ses mains, puis il leva la tête en répétant : « Il n’y a de volonté ni de force qu’en Dieu, le Tout Puissant ».

Il s’est ensuite tourné vers moi avec des mots de reproches : Je t’ai toujours connu sérieux et sage, Arkâne, mais ce que tu as fait est plus que de la folie. Tu as des drôles d’agissements et tu prétends que tu te prépares au Jihad et au combat, jusqu’à atteindre ma famille et me faire perdre la raison.



1 Après avoir démoli les habitations, les autorités Saddamistes criminelles ont élevé des murs pour séparer les quartiers les uns des autres, pour les empêcher de communiquer et de se solidariser face aux descentes habituelles des forces de l’ordre et de leurs mercenaires.
1 Il y a là une réponse au fait que la non assistance au droit est une vieille habitude et que l’abandon est une chose héritée depuis les guerres de l’Imam Ali avec Moawia ; et la préférence de la sécurité en échange de la faiblesse, au lieu de la dignité dans le Jihad, est une chose qui ne s’est pas arrêtée depuis des siècles.
1 Pluriel de wali.
2 Le colonialisme juif.

Entretien sans Paroles

Entretien sans Paroles

Nous avons poursuivi ainsi pendant des heures et nous avons abordé les sujets les plus divers. Ronca Cham a alors regardé le soleil et elle a vu qu’il avait dépassé midi depuis quelque temps et qu’il se dirigeait subrepticement vers le coucher. Elle a crié, ô mon Dieu, le moment de notre adieu est arrivé. Les larmes tombèrent paresseusement sur son visage. En la voyant ainsi me yeux devinrent humides et tristes. J’ai voulu parler mais elle me devança. Je suis incapable, dit-elle, de te rencontrer quand je veux, et s’il ne dépendait que de moi, je ne t’aurais pas quitté une seconde. Si je le pouvais, je n’aurais pas passé une heure de ma vie sans toi. Mais je vais suivre tes nouvelles autant que possible. J’étais envahi par une grande tristesse ; elle m’a pris par l’épaule en me retournant vers elle, alors qu’elle était encore plus triste que moi, et elle s’est mise à genoux devant moi, sa main entourant chaleureusement mon genou qu’elle s’est mise à embrasser. Je me suis mis à genou face à elle, la fixant des yeux, consolant sa tristesse avec la mienne.

Elle s’est mise à me regarder et à scruter chaque lettre de ma personne, comme si elle prenait des provisions pour sa passion.

Nous nous sommes levés pour poursuivre une conversation sans paroles, où les soupirs le disputaient aux rêves.

Elle dit, après un long silence : Sois toujours vigilant et prêt à affronter les risques, nuit et jour. Tu as maintenant des liens avec nous. Nous avons des ennemis comme vous avez des ennemis. Chaque fois que quelqu’un s’est rangé aux côtés des gens, il a subi ce qu’ils ont subi, en bien ou en mal, et il a encouru la haine de leurs ennemis. Tu auras désormais des rapports avec les Djinns, indiscutablement.

Peut-être a-t-elle eu de la peine pour elle même d’avoir goûté la dernière seconde de notre rencontre avant l’adieu ; puis elle a salué et elle a disparu.

J’étais perplexe, et en l’espace de quelques secondes, le vaisseau avait disparu dans l’espace.


Le Terrorisme

Le Terrorisme

J’ai été surpris, au milieu de mon étonnement face à ce qu’elle disait, par un changement subi dans son attitude. Elle a posé sa main sur moi et elle a dit : Restes tranquille un instant et attends moi. Elle a disparu quelques secondes puis elle a réapparu devant moi, avec à la main une caméra, et elle a dit : Il y avait un groupe de malfaiteurs qui nient notre existence et qui se moquent des croyants. Je suis allée et je me suis faufilée parmi eux, entre apparition et disparition, entre peur et séduction, et je leur ai fait subir ce dont ils ne pouvaient pas se douter, comme conséquence de leur conduite…

J’ai voulu saisir son butin qu’elle reprit avec un gentil sourire qui illuminait sa bouche : N’ait pas peur ; l’appareil ne peut que prendre ta photo. J’ai voulu que quelqu’un d’autre que toi me vois ici, et j’ai voulu obtenir un appareil discal. Je ne fais pas beaucoup confiance aux humains. Ces derniers temps, en effet, les associationnistes américains ont augmenté leurs attaques contre le Sud chez vous ; ils visent vos positions et ils allument les incendies dans vos terres.

J’ai dit : « Ils s’attaquent au régime en place et ils veulent l’abattre et s’en débarrasser ».

Elle hocha la tête et elle dit : Ils veulent plutôt porter atteinte à l’honneur des Musulmans ; ils veulent humilier les Arabes. Ils veulent une chose que vous ne voyez pas même si vous faites un effort, car vous subissez les démons des humains et les ténèbres du temps. Maudit soit celui qui s’allie à eux[1] et maudit soit celui qui les lui dispute. Celui qui les a amenés chez lui est pervers de même que celui qui s’est allié à eux contre lui[2].

J’ai dit : Je vois que tu est au courant des affaires politiques, que tu les connais parfaitement bien et que tu en connais les gens.

Elle a répondu : Vous les humains, vous aimez les compliments, et je ne suis pas celle que vous venez de décrire. Mais je suis les nouvelles du monde et mon cœur ne cesse de s’intéresser aux affaires des Musulmans.[3]

J’ai dit d’une voix sûre et sérieuse : C’est la joie, ma sœur, qui me l’a fait dire et c’est la reconnaissance de tes conseils. Quels sens donnes-tu au terrorisme?

Elle répondit : Chez nous, les Musulmans Djinns, le terrorisme est celui que la Charia a défini. C’est la pratique de l’injustice, la violation de la sécurité. C’est une chose inadmissible quelle qu’en soit la source. C’est une chose inacceptable quel qu’en soit l’objet.[4]

Le terrorisme, dans votre vocabulaire, vous les humains, et selon le concept de vos associationnistes orgueilleux et de ceux parmi les Musulmans et autres qui les suivent, est la victoire de l’opprimé sur l’oppresseur… la vengeance de celui qui est agressé contre son agresseur… la vengeance du faible face à l’inique orgueilleux… La résistance de l’homme digne contre l’injustice, le cri du fier face aux tyrans, le cri des hommes libres face aux despotes, la révolte des gens contre les voleurs. C’est là votre religion après avoir délaissé la religion véritable et l’Islam Hanif. C’est cela votre démocratie à tous.[5] Puis elle a récité les paroles du Très Haut : « Le culte de celui qui recherche une religion en dehors de l’Islam n’est pas accepté. Cet homme sera, dans la vie future au nombre de ceux qui ont tout perdu » [La Famille de Imrane, 85].



[1] Le système de gouvernement baassiste saddamiste en Iraq s’est appuyé sur les Américains et les sionistes contre l’Islam et l’arabité et leurs peuples. Il a été la cause, délibérément tantôt, et tantôt sans le savoir, des campagnes des associationnistes contre les pays de l’Islam et de leur contrôle de leurs passages stratégiques, de leur mainmise sur leurs richesses naturelles et de leur asservissement de vos gouvernements nationaux. Ce régime avait comme concurrents pour gagner la faveur de ces gens-là, ses ennemis locaux et ses frères voisins.
[2] Celui qui les a amenés est le régime inique de Saddam. Quant à l’apostat et à celui qui a quitté la voie de l’Islam, c’est la bande qui a eu recours aux Américains contre lui et qui a sacrifié l’honneur du pays pour se venger de lui et pour le punir.
[3] Le Prophète de Dieu a dit : « Celui qui ne s’intéresse pas aux affaires des Musulmans n’est pas musulman ».
[4] Il est inacceptable quels qu’en soient les desseins et les objectifs. L’Amérique et la plupart de l’Occident ainsi que la plupart des gouvernements sont des terroristes. Ils sont en conflit tous les jours avec des terroristes comme eux, avec des Moujahidines qui s’opposent à leur terrorisme.
[5] Une certaine démocratie est un moindre mal que d’autres, et un certain mal est moindre que d’autres, et il n’y a d’autre option que l’Islam.