samedi 3 août 2013

Une Bataille sur la Plage

Une Bataille sur la Plage

J’ai passé des jours à attendre l’occasion de m’entretenir avec mon oncle qui revenait du travail exténué. Cette occasion se présenta le soir d’un jour férié. Je me suis approché de lui pour me plaindre de la réalité de ma vie et de ce qui me travaille et il ne trouva à dire que « es-tu, par hasard, un messager pour cette partie du monde ? Nous avons quitté notre terre et nous avons fui notre pays en raison des circonstances que tu connais et de l’oppression qui nous poursuivait. Nous n’avions par le choix. Tous les pays arabes sont l’Iraq et leurs gouvernements sont des copies de son gouvernement même si les méthodes et les degrés diffèrent.

Je n’ai pas répondu sachant qu’il était inutile de répondre, mais mon cœur a caché cette réponse qui allait de pair avec ses battements. J’avais, en effet, décidé de fuir le pays du diable, le grand frère cancéreux de Saddam qui est à l’origine de notre émigration.

Je suis sorti, ce soir-là, errant, l’esprit et le cœur pleins de tristesse, et je me suis dirigé vers la plage. Chaque fois que mon regard tombait sur un interdit, je le dépassais. J’ai fini par m’éloigner des groupes de noceurs et je suis arrivé à un endroit où j’ai aimé être seul. Quelques minutes après, une jeune et belle fille est passée devant moi, portant des habits de plage bien transparents. J’ai détourné mon regard, et voici qu’un groupe de voyous s’est mis à sa poursuite, et il est apparu d’après leur démarche qu’ils lui voulaient du mal.

Je me mis quelques secondes à les observer et, un quart d’heure après, des cris s’élevèrent. Les voyous s’étaient attaqués à la fille dont la beauté les a charmés et dont la nudité les a séduits. Je me suis levé sur le champ, l’élan mohamédan réveillant tout l’Islam en moi, et je les ai vus se la passer l’un l’autre, alors qu’elle était au milieu comme un ballon que les joueurs s’envoient. J’ai alors dit Allah Akbar et j’ai commencé à les frapper de la droite et à leur donner des coups de pied. Ils furent abasourdis et ils reculèrent.

La pauvre fille s’est appuyée sur moi en pleurant, et elle m’a vu la repousser gentiment de peur de commettre un péché. Elle me regarda d’un air étonné. Je lui ai fait signe de rester à une petite distance de moi, ce qu’elle a fait. J’ai pris alors mon manteau qui était sur le sable après la bataille et je le lui ai donné pour cacher sa nudité qui était encore plus flagrante après l’agression. J’ai dit pour la consoler : je suis désolé pour ce qui vous est arrivé, ma sœur, et je vous demande d’excuser mon retard à vous porter secours. Elle a répondu, toute étonnée, combien de vos semblables, jeune homme, sont loin d’être des humains.

Je n’ai pas voulu la blesser et j’ai gardé ma question en me disant à moi-même « Si seulement vous saviez combien je suis loin d’être américain ».

Mon silence l’étonna encore plus et elle dit : « excusez-moi beaucoup, mais votre accent anglais troublé, vos traits et votre magnanimité montrent que vous venez d’un pays que j’ignore ».

J’ai pensé lui donner une réponse vague, puis j’ai levé la tête et j’ai dit : « je suis musulman en provenance des pays arabes ». Je me suis mis à répéter en moi-même : « vous n’ignorez, à notre sujet que notre réalité. Vos gens, jeune fille, voient les choses selon leurs intérêts et selon leur humeur ». Elle a crié : « vous êtes donc arabe, et musulman aussi? »

Je n’ai pas répondu, puis elle a dit : « mais les media ont des discours qui démentent ce que j’ai vu ».

J’ai dit : les media font-ils autre chose que mentir. Car si les choses allaient normalement, il n’y aurait pas eu besoin de media – sauf, peut être – pour démasquer leur mensonges1 qui sont devenus un poison quotidien.

Elle a dit en se rapprochant de moi, « pour quelle raison vous vous éloignez de moi ? »

J’ai dit : « c’est la religion. Le Musulman n’a de la femme que son épouse et, à part cela, il a sa mère, sa sœur, ou sa fille, selon son âge ».

Elle a dit : « mais cela est idéal, c’est une vie angélique ».

J’ai répondu : « les choses ne sont pas comme vous le pensez. Les Anges ne se marient pas. Ils ne procréent pas et ils ne vieillissent pas. Ils ne sont ni mâles, ni femelles. Ils n’ont donc ni conjoints, ni mères, ni frères ni sœurs. Je vois que vous défendez la culture de gens égarés, et vous avez oublié que vous avez failli, il y a peu, être la victime de vos idées et de ce que vous croyez.

Elle dit, ses yeux fixant mon visage, en m’observant avec joie et admiration qui lui ont fait oublier ce que l’incident a laissé dans son esprit et ses nerfs : « comment l’amour a-t-il lieu dans votre culture ? » j’ai répondu : « craignez Dieu, dites le bien, détournez-vous de la licence et des interdits et faites, ensuite, ce qui bon vous semble.

Elle se colla contre moi de force et elle approcha son visage pour l’embrasser. Je l’ai écartée en disant : « je ne suis pas ce que vous pensez ». Je me suis contenté de l’éloigner un peu et j’ai embrassé son épaule droite. Elle n’a pas voulu rater cette occasion qu’elle recherchait tant et elle a fait de même.

Je me suis levé et j’ai commencé à me débarrasser des grains de sable. Elle fit de même là où mes yeux ou mes mains n’arrivaient pas, puis elle commença à se débarrasser à son tour des grains de sable, tout en me regardant, espérant une initiative de ma part.

J’ai dit en souriant : « écoutez, ma sœur d’Amérique, je ne vous toucherez jamais, sauf avec la permission de Dieu. Ne vous attendez donc à rien de ma part, car vous avez pour les interdits une passion qui n’a d’égale que la passion des Musulmans pour ce qui est légal.

Elle a souri en me suivant et, une fois fatiguée, elle a dit, « ne pouvez-vous pas aller moins vite, vous l’Arabe ?… J’ai répondu favorablement à son souhait. Elle a respiré et elle a ajouté : « je ne voudrais pas que cette compagnie s’interrompe et j’aimerais tant que notre séparation soit impossible et que notre promenade ne finisse pas.

En dépit de son souhait, nous sommes arrivés. Nous étions devant un bâtiment touristique somptueux devant l’entrée duquel est apparu un homme corpulent, le visage rouge, ayant la quarantaine. Elle le signala et elle me le présenta : « c’est mon frère, John Stevenson ». Il s’est mis à me saluer chaleureusement avec le sourire et à me parler de manière vivace. Je me suis présenté et j’ai entendu la jeune fille répéter mon nom : Arkâne, Arkâne…

Elle a dit, ses yeux survolant mon visage : « comme vous êtes remarquable et comme je souffre ». J’ai levé alors ma main droite en saluant puis je me suis retourné sous une rafale de cris : Arkâne, Arkâne, Arkâne.

J’ai senti, en cours de route, que je n’étais pas seul et que quelqu’un me suivait.  Je l’ai regardé et j’ai vu un homme noir âgé, dépassant la soixantaine, et craintif. Il m’a dit en balbutiant : « Madame Gina m’a envoyé… c’est la demoiselle Stevenson, et elle m’a demandé de rapporter votre adresse. Par Dieu, cher monsieur arabe, je vous prie de m’aider. C’est une dame très généreuse et très gentille avec moi mais elle ne me pardonnera jamais si je reviens les mains vides.

Je n’ai pas hésité longtemps. Quel que soit son désir, je ne ferais du mal à personne, s’il plaît à Dieu. J’ai poursuivi mon chemin et je suis arrivé devant la porte de la maison.




1 S’il n’y avait pas les media menteurs, il n’y aurait pas eu un besoin des media, sauf pour des communiqués, une invitation au bien ou une cause juste.

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