Les Djinns
et l’Espace
La curiosité m’a poussé à chercher à connaître une poignée de secrets
qui se tiennent derrière leurs états et leurs instruments. Je me préparais à
parler, puis je me retenais. Elle m’a demandé ce que je cherchais et j’ai
dit : « Me vois-tu en train de te poser des questions sur des points
que j’aimerais tant connaître, et que cela te dérangerait d’en dévoiler le
secret? » Elle a répondu : « Lorsque tu me poses des questions,
Arkâne, tu le fais à une sœur qui est tienne comme tu es sien. Ce frère en
religion est élevé aux niveaux de la fraternité en considération pour lui et
pour sa sincérité. Poses ce qui te plait comme questions, et ne te sens pas
gêné, s’il plaît à Dieu ».
J’ai alors fait signe vers la soucoupe, et elle a dit :
« C’est l’œuvre des artisans habiles parmi les fils des Djinns et un
modèle qu’ils ont inventé pour y voyager, un modèle qui convient à leur
environnement et à leur statut. Chaque créature de Dieu a obtenu du Très Haut
ce qui correspondait à ses besoins et elle a pu trouver des solutions à ce qui
lui paraissant difficile à premier abord. Le statut et l’importance des Djinns
ne peuvent être satisfaits que par ce que tu vois dans la soucoupe.1
La beauté de l’aspect et la précision de la fabrication, la finesse des
appareils et l’agilité du mouvement, la vitesse dans l’espace et tous les
autres traits qui distinguent les produits des Djinns de ceux des humains, sont
le résultat de la profondeur de l’abîme qui
sépare les deux, et de la distance énorme qui sépare les humains et les
Djinns. Chacun a, chez Dieu, ce qui correspond à son état, et le progrès des
instruments chez l’une des parties est un témoignage du progrès de la vie. Car
il n’y a pas de vie possible sans ses conditions, et celle-ci ne peut exister
que selon ses desseins et ses plans.
J’ai dit : « Tu as parfaitement raison, ma sœur. C’est ainsi
que sont les choses. Dieu a raison et ceux qui argumentent ont menti.
Toutefois, ce qui me rend perplexe, c’est la dimension réduite de l’engin face
à une si grande distance, car si le vaisseau était en entier un dépôt de
carburant, il n’aurait pu entreprendre des voyages aussi lointains ». Elle
a souri et elle a dit : « Rien ne se réalise selon la logique des
hommes que ce qui convient à leur travail, ce qui récompense leur valeur et qui
correspond à leurs moyens, au-delà de quoi ils deviennent perplexes. Et devant
chaque phénomène, ils sont perdus. Ils sont devenus tellement ignorants et
tellement fiers d’eux-mêmes qu’ils se sont pris pour les normes de la vérité, pour
la balance de la justice et pour la nécessité de l’existence. C’est là, je
crois, la calamité de la science, le maximum de l’orgueil et la caractéristique
des incrédules.
Dieu a créé pour l’astre terrestre des éléments chimiques et des
capacités de rayonnement déterminés, et il a créé tout ce qui correspondait aux
besoins des hommes, de leur environnement, de leur nature, de leur secret et de
leur message. Il a développé l’homme afin de vivre dans ce cadre-là. À son
tour, l’homme a inventé les outils qui correspondaient à ces éléments et il a
produit tout ce qui ne les contrariait pas. Si l’homme avait pu traverser les
strates de l’espace, s’il avait pu allers vers les astres brillants et les
étoiles scintillantes, il aurait eu en main d’autres éléments et d’autres
énergies. Ses besoins auraient augmenté ainsi que ses outils, et ses facultés
se seraient encore développées, avec la permission de Dieu, et il aurait réussi
et atteint ce que nous avons réussi et atteint.
J’ai dit, étonné : « C’est donc vous qui avez un statut
supérieur, qui êtes les plus forts et les plus instruits? » Elle a
dit : « Nous sommes tout simplement les premiers. Nous avons reçu ce
que vous avez reçu, mais le Créateur nous a créés des milliers de siècles avant
vous et il nous a donné les sciences et les arts, et lorsqu’il a décrété votre
création et votre finalisation1, Iblis
(Le Démon) a manifesté son hostilité, par orgueil et par jalousie. Dieu vous a
donné, à vous les humains, le gage ; il vous a mandatés pour le message,
et nous sommes devenus vos semblables »2
J’ai dit :
« Votre vaisseau va donc avec du carburant cosmique? »
Elle a
répondu : « Ce n’est pas tout, Car lorsque le carburant brûle et sort
dans l’espace libre3, il se mélange à ses
éléments neutres ce qui donne au vaisseau une poussée nettement plus forte et
qui produit une vitesse cosmique.
Mais que représente ce vaisseau et ses semblables en comparaison du
Bouraq, le vaisseau du Grand Prophète qui a été appelé Bouraq car il a pris,
dans sa course, l’aspect d’un éclair (Al-Barq) avec une vitesse qui dépasse
l’imagination.
J’ai regardé le sol un instant et j’ai poursuivi : « Quoi
qu’il en soit, nous n’avons d’autre choix en ce monde, pour que la vie
continue, que de continuer à progresser.
J’ai dit : « Une lecture, même modeste, des événements de
l’histoire ancienne et de ses côtés étranges, des événements du passé et de ses
merveilles, imprime dans les esprits de nombreux cas de l’apparition des Djinns
et de leurs mouvements, d’une façon ou d’une autre, dans le cercle de la vie
des humains. Toutefois, le manque de preuves a poussé beaucoup de gens à nier
ou à mettre en doute cette vérité, n’était ce qui est dit dans le Livre de Dieu
à leur sujet. C’est ainsi que la croyance en cette vérité est devenue l’apanage
des croyants, et que les recherches
concernant leurs nouvelles sont devenues du charlatanisme, et le fait de se
poser des questions les concernant est qualifié de fiction et d’illusion.
Elle a ri un long moment en entendant ce que j’ai dit, et elle a dit,
sa tête ne cessant de bouger de regret et d’étonnement : « C’est
l’adversité de l’homme. Il nie ce qu’il ignore ; ou alors il n’a pas le
courage de chercher et il se dirige vers la négation. C’est là un mal incurable
gravé dans sa nature face à beaucoup de vérités. Un mal qui l’écarte de ses
objectifs, qui éloigne la science de ses desseins sains, qui dévie la lumière
de son cours droit, et qui enlève aux connaissances leur contenu et leur sens.
Je ne te cache pas, mon frère, que nous avons réalisé dans un passé pas
très lointain des progrès qui n’étaient pas possibles auparavant. Il y a mille
ans, par exemple, nous avons réussi à réaliser ce qui n’était que rêves pour
nos ancêtres et ce qui ne s’était pas réalisé depuis des dizaines de milliers
d’années. Et puis, grâce à la bonté du Très Haut, et comme fruit de nos
efforts, nous nous sommes déployés dans les horizons, nous nous sommes déplacés
entre les astres, ce qui explique les nombreuses nécessités de notre
interférence avec les humains et de la communauté des intérêts. La terre ne
manque pas de nous, même si les apparences le laissent croire. L’astre
terrestre a connu une époque où il était en partage entre nous et les humains.
C’est la raison pour laquelle les légendes et les histoires des humains, et leurs
ouvrages de valeur bien conservés, sont pleins de nos traces, et de façon
documentée. Notre vérité est inscrite dans votre histoire et dans vos vestiges,
même si vous ne le croyez pas…
C’est là la nature des humains, la caractéristique des licencieux. La
réalité les éloigne de la vérité, le présent du passé, le désir du devoir, et
ils ne s’aperçoivent pas.
Notre curiosité au sujet de l’astre terrestre a reculé, et les raisons
comme les cas de notre apparition sur terre se sont beaucoup réduits au cours
des siècles derniers. Les incrédules parmi les humains se sont emparés de la
chaire de la science ; ils ont nié notre existence et ils ont nié les
mystères et démenti l’inspiration.1
« Nous ne pouvions pas nous cacher, car nous avons pris de
l’extension et cette extension se poursuit, et nous augmentons en nombre et en
force dans plus d’un astre et d’une étoile ».
Elle s’est arrêtée un moment avant de reprendre, en souriant,
« N’as-tu pas vu ces nouveaux juifs qui ont spolié la terre américaine
comment ils font des plans pour nous combattre dans les étoiles. Mon Dieu comme
ils sont misérables et combien ils sont aveugles. Combien est proche le jour de
ce qui les guette ».
Puis elle a récité les paroles du Très Haut : « Si nous
l’avions voulu, nous aurions donné à chaque homme sa direction. Ma parole
cependant se réalise : Oui, je remplirai la Géhenne de Djinns et d’hommes
réunis » [La Prosternation, 13].
J’ai regardé le sol, honteux de poser une question qui m’est venue à
l’esprit depuis que je l’ai vue, qui m’a brûlé lors de notre séparation, et qui
continue à me tourmenter.
Elle m’a regardé pendant que j’étais dans l’embarras et, comme si elle
avait deviné ce qui me troublait, elle a dit : « Dis, frère Arkâne,
ce que tu as sur le cœur, et ne désespère pas, car je suis capable de dire la
vérité plus que tu ne penses et plus que ne pensent la plupart des gens de ton
espèce ».
J’ai dit : « S’agissant de l’existence (des Djinns), je me
contente des paroles de Dieu « Seuls les incrédules discutent les Signes
de Dieu. Que leur agitation dans ce pays ne te trouble pas » [Celui
qui Pardonne, 4].
« Toutefois, j’aimerais que tu m’explique le sens des formes que
vous prenez et les apparences qui sont les vôtres ».
Elle a répondu : « Les Djinns constituent deux groupes, ayant
la même nature, mais des images différentes. Certains parmi nous ont des
corps ; d’autres n’ont pas de corps, mais ils ont la faculté d’adopter les
formes et les apparences qu’ils veulent. Je suis de ceux-là comme le diable
abattu.
J’ai dit tout étonné : « Celui qui a un corps s’accouple-t-il
avec ceux qui n’en ont pas? »
Elle a dit : « Non, ceux qui appartiennent au même groupe
s’accouplent entre eux, et ils ne se reproduisent qu’avec leurs
semblables ».
J’ai dit : « Mais vous êtes différente de vos frères, et le
vilain Ifrit avait un aspect hideux ».
Elle a répondu en souriant : « Tu me vois, parce que j’ai
voulu, avec la permission de Dieu, que tu me vois, sinon tu n’aurais pas eu le
moyen de me voir ou de me rencontrer. Quant aux images et aux formes, nous
sommes libres de les choisir selon nos mœurs et notre vérité. L’hypocrite ne
peut pas choisir un aspect idéal et le méchant ne peut pas prendre une bonne
image. Les individus parmi les Djinns incorporels n’ont que la volonté de prendre
forme. Cette forme qu’ils prennent correspond à leur âme, à leur caractère, à
leurs actions et à leur conduite, et ils n’ont plus de volonté dessus, sauf la
possibilité de se dissimuler et de disparaître ».
J’ai alors compris, d’après ses explications, que cette beauté
extraordinaire qu’elle a, est le résultat d’un grand cœur et d’une conscience
mohamédane idéale. C’est suffisant pour créer en moi la confiance en elle et
mon amitié pour elle.
Combien n’ai-je pas souhaité que les fils d’Adam aient dans leurs
aspects extérieurs ce qui correspond à leurs habitudes, et dans leurs formes ce
qui correspond à leurs actions. C’est, toutefois, une chose remise à plus tard.1
Je suis sorti du rêve de l’espoir en entendant sa voix suave :
« Où est-ce que ta pensée t’a amené? »
J’ai répondu sur le champ : « Ceux qui n’ont pas de formes
parmi vous se voient-ils, et de quelle manière? »
Elle répondit : « Ils se voient comme vous vous voyez après
la mort alors que vous êtes sans corps ».
J’ai dit : « Quel est le régime de la procréation chez vous
et comment vous faites? »
Elle répondit : « Les Djinns avec un corps voient leur ventre
grossir, et celles qui n’ont pas de corps, la grossesse apparaît dans leur
constitution. Dans les deux cas, la période de gestation est de trois mois,
mais les cas de stérilité sont nombreux et la fertilité est chose aisée. Ceux
qui sont abstraits sont vos proches, ceux qui ont des corps ont leur monde très
éloigné du vôtre et ils n’a rien à voir avec lui, sauf si Dieu veut ».
J’ai dit : « Celui qui n’a pas de corps, est-il vu par le
Djinn corporel? »
Elle répondit : « Oui, il le voit tel qu’il est, et comme le
voient les gens de son espèce ».
1 Chaque époque a ses conditions et ses talents qui sont donnés aux gens pour
les guider vers les situations où ils se trouvent et les statuts auxquels ils
se sont élevés. Le Très Haut a dit: «Tout ce qui existe dans les cieux et
sur la terre l’implore. Il créé chaque jour quelque chose de nouveau. Quel est
donc celui des bienfaits de votre Seigneur, que tous deux, vous nierez?»
[Le Miséricordieux, 29-30].
1 Finalisation: « Après que je l’aurai harmonieusement formé, et que
j’aurai insufflé en lui de mon Esprit, tombez prosternés devant lui »
2 Les Djinns suivent les humains en ce qui concerne les croyances. Il y en a
qui sont musulmans et d’autres qui sont incrédules, comme les humains.
3 Libre: L’espace parait libre alors qu’il est rempli d’éléments. Le Très
Haut a dit: «C’est le Seigneur des cieux et de la terre et de ce qui
se trouve entre les deux. Si seulement vous le croyiez fermement » [Les Poètes, 24].
1 Le Très Haut a dit que les incrédules sont les premiers qui découvriront
les vérités de la science et les témoignages des dispositions naturelles et le
Créateur est un argument contre eux, mais ils vont renverser les choses et ils
vont inviter les gens à leur corruption, à diffuser leur libertinage et leur
athéisme. Ils sont suivis par la majorité des gens. « Les incrédules
n’ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte ?
Nous les avons ensuite séparés, et nous avons créé, à partir de l’eau, toute
chose vivante. Ne croient-ils pas? » [Les Prophètes, 30].
1 C’est-à-dire la vie future, et cette dernière est proche puisque la vie
mène les gens vers cette échéance.
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