samedi 3 août 2013

Une Soucoupe d’Argile

Une Soucoupe d’Argile

À quelques cinq kilomètres de notre quartier, il y avait une étendue nue, faite de sable rouge, sur certaines parties de laquelle s’élevaient des figuiers de Barbarie avec leurs feuilles très épaisses et leurs fruits délicieux. En dépit de l’envie des gens de les voir mûrir, et l’extrême besoin qu’ils ont de les vendre, ceux-ci s’abstiennent de le faire, par peur. En effet, les enfants de Najaf se sont interdits de s’en mêler ou de s’en approcher en raison des rumeurs ayant circulé, voire des preuves que de nombreux habitants ont eues selon lesquelles ces arbres étaient habités par des Djinns. En dépit de la véracité de ce que les habitants de Najaf ont déclaré, les racontars des gens ont encore donné à ces arbres une dimension fabuleuse qui a ajouté à leur réalité une faiblesse gratuite.

Quant à moi, je visais une chose importante et grave devant laquelle toutes les autres choses, fussent-elles si importantes, était moindres ; et très souvent, chaque fois que j’hésitais, mon esprit me poussais à y aller, et à me promener entre ces arbres, à tel point que c’était devenu une habitude chez moi. C’est ainsi que je m’y rendais chaque fois que je voulais me sentir seul et m’éloigner des enfants du quartier, dont les parents ont été tellement écrasés par la situation qu’ils sont devenus comme des quantités dispersées dans les ruelles, rodant autour des tas d’ordures étalés devant les maisons, dans les coins des places publiques, et autres.

J’ai caché mon intention autant que possible et je me suis soustrait aux regards afin que nul ne vienne faire obstacle à mon objectif, ou que je sois accusé de perdre l’esprit. Sinon, je n’aurai trouvé aucune crainte ni aucune difficulté.

Une de ces fois, pendant que je réfléchissais profondément, et que j’explorais les horizons de l’avenir lointain, j’ai vu, soudain, un corps étrange, arrondi, entouré de halos lumineux, précédé de strates de lumière très puissantes, montrant son intention. Il est resté ainsi suspendu en l’air, entre ciel et terre, lisant les recoins de l’endroit et observant les étendues et les dunes. Une fois tranquillisé, il est descendu pour s’installer sur un tapis de sable chaud. Il n’avait ni voix ni bruit, rien qu’une voix éteinte que les oreilles avaient de la peine à entendre.

J’ai compris, lorsque l’étrange voyageur ne s’est pas aperçu de ma présence, que le décret de Dieu m’a dissimulé et que ses soins et sa bonté m’ont caché. C’est là, une grâce du miséricordieux à laquelle je suis accoutumé et un secours auquel je suis habitué.

Pendant que le vaisseau était installé sur l’étendue du sable, le voilà qui s’élevait jusqu’à coller contre l’horizon lointain pour revenir immédiatement après à sa place, comme un éclair et comme un astre dansant, sans s’écarter nullement de sa place d’atterrissage. Je n’ai plus trouvé, alors, une place où me réfugier. J’étais, tout simplement, en entier, devant un Djinn, sans gardien pour me protéger ou me défendre, sauf Dieu. J’ai failli fléchir n’était l’intervention de Dieu qui a donné le courage à mon cœur. Je me suis adressé à Dieu en l’implorant, et en récitant les sourates des Hommes et de l’Aurore. Soudain, une porte s’est ouverte sur le mur du vaisseau, par laquelle est descendue une échelle de cuivre, sur laquelle est descendue une jeune fille belle comme une nymphe, resplendissante en dépit de la peur qui l’habitait et des signes d’hésitation dans sa démarche.

Je n’avais pas encore fini de l’observer que j’ai vu, à la porte du vaisseau, une créature laide et un être horrible, petit de taille, la tête pleine de protubérances, les membres lourds, aux traits sauvages, un bandeau sur la tête, d’humeur maussade. Dès que la jeune femme fut à quelques mètres de l’escalier, il a sauté et il s’est retrouvé en face d’elle. Il s’est mis à la pousser, à crier et à la forcer, alors qu’elle appelait au secours, tournant sur place, et pleurant. J’ai eu le sentiment qu’il s’agissait d’un Djinn géant, qui l’a enlevée après qu’elle ait refusé de satisfaire ses désirs, et qui était venu ici, sur cette terre déserte de Najaf, pour la violer.


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