Une Soucoupe
d’Argile
À quelques cinq kilomètres de notre quartier, il y avait
une étendue nue, faite de sable rouge, sur certaines parties de laquelle
s’élevaient des figuiers de Barbarie avec leurs feuilles très épaisses et leurs
fruits délicieux. En dépit de l’envie des gens de les voir mûrir, et l’extrême
besoin qu’ils ont de les vendre, ceux-ci s’abstiennent de le faire, par peur.
En effet, les enfants de Najaf se sont interdits de s’en mêler ou de s’en
approcher en raison des rumeurs ayant circulé, voire des preuves que de
nombreux habitants ont eues selon lesquelles ces arbres étaient habités par des
Djinns. En dépit de la véracité de ce que les habitants de Najaf ont déclaré,
les racontars des gens ont encore donné à ces arbres une dimension fabuleuse
qui a ajouté à leur réalité une faiblesse gratuite.
Quant à moi, je visais une chose importante et grave
devant laquelle toutes les autres choses, fussent-elles si importantes, était
moindres ; et très souvent, chaque fois que j’hésitais, mon esprit me
poussais à y aller, et à me promener entre ces arbres, à tel point que c’était
devenu une habitude chez moi. C’est ainsi que je m’y rendais chaque fois que je
voulais me sentir seul et m’éloigner des enfants du quartier, dont les parents
ont été tellement écrasés par la situation qu’ils sont devenus comme des
quantités dispersées dans les ruelles, rodant autour des tas d’ordures étalés
devant les maisons, dans les coins des places publiques, et autres.
J’ai caché mon intention autant que possible et je me
suis soustrait aux regards afin que nul ne vienne faire obstacle à mon
objectif, ou que je sois accusé de perdre l’esprit. Sinon, je n’aurai trouvé
aucune crainte ni aucune difficulté.
Une de ces fois, pendant que je réfléchissais profondément,
et que j’explorais les horizons de l’avenir lointain, j’ai vu, soudain, un
corps étrange, arrondi, entouré de halos lumineux, précédé de strates de
lumière très puissantes, montrant son intention. Il est resté ainsi suspendu en
l’air, entre ciel et terre, lisant les recoins de l’endroit et observant les
étendues et les dunes. Une fois tranquillisé, il est descendu pour s’installer
sur un tapis de sable chaud. Il n’avait ni voix ni bruit, rien qu’une voix
éteinte que les oreilles avaient de la peine à entendre.
J’ai compris, lorsque l’étrange voyageur ne s’est pas
aperçu de ma présence, que le décret de Dieu m’a dissimulé et que ses soins et
sa bonté m’ont caché. C’est là, une grâce du miséricordieux à laquelle je suis
accoutumé et un secours auquel je suis habitué.
Pendant que le vaisseau était installé sur l’étendue du sable, le voilà
qui s’élevait jusqu’à coller contre l’horizon lointain pour revenir
immédiatement après à sa place, comme un éclair et comme un astre dansant, sans
s’écarter nullement de sa place d’atterrissage. Je n’ai plus trouvé, alors, une
place où me réfugier. J’étais, tout simplement, en entier, devant un Djinn,
sans gardien pour me protéger ou me défendre, sauf Dieu. J’ai failli fléchir
n’était l’intervention de Dieu qui a donné le courage à mon cœur. Je me suis
adressé à Dieu en l’implorant, et en récitant les sourates des Hommes et
de l’Aurore. Soudain, une porte s’est ouverte sur le mur du vaisseau, par
laquelle est descendue une échelle de cuivre, sur laquelle est descendue une
jeune fille belle comme une nymphe, resplendissante en dépit de la peur qui
l’habitait et des signes d’hésitation dans sa démarche.
Je n’avais pas encore fini de l’observer que j’ai vu, à la porte du
vaisseau, une créature laide et un être horrible, petit de taille, la tête
pleine de protubérances, les membres lourds, aux traits sauvages, un bandeau
sur la tête, d’humeur maussade. Dès que la jeune femme fut à quelques mètres de
l’escalier, il a sauté et il s’est retrouvé en face d’elle. Il s’est mis à la
pousser, à crier et à la forcer, alors qu’elle appelait au secours, tournant
sur place, et pleurant. J’ai eu le sentiment qu’il s’agissait d’un Djinn géant,
qui l’a enlevée après qu’elle ait refusé de satisfaire ses désirs, et qui était
venu ici, sur cette terre déserte de Najaf, pour la violer.
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