samedi 3 août 2013

L’Enfer de l’Adieu

L’Enfer de l’Adieu

Une heure avait juste passé depuis leur arrivée à cet endroit lorsque Kachine Dom et son frère firent signe à leur sœur de se préparer au départ. J’ai alors senti une tristesse profonde s’emparer de mon cœur. J’ai vu les larmes couler abondamment de mes yeux. J’ai voulu cacher mon visage mais mes mains tremblaient. Ils se mirent à me regarder. Ronca Cham n’a pas voulu partir sans me consoler. Elle s’est approchée de moi et elle s’est mise à embrasser mon épaule, alors que j’étais absent.

Le signal du départ m’a rappelé les scènes de calamités illimitées de ma vie. Je me suis alors mis à me demander comme je l’ai toujours fait lors de mes moments de solitude : « Si ces gens-là retournent chez leurs parents, chez qui j’irais, moi ». Et si ces gens-là ont la nostalgie de leur patrie, alors que moi je cherche à me sauver de ce qui règne dans ma patrie. Il y a même des gens qui veulent la quitter, et qui déploient des efforts pour partir après qu’elle soit devenue un camp de concentration pour ses fils et un cimetière pour les hommes libres, après que les gens furent obligés, comme moi, à émigrer et à préférer le pays du démon.1

J’ai réussi, après des efforts, à retenir mes larmes et à arrêter mon chagrin et je me suis mis à arranger mon aspect pour l’adieu en répétant : « Il n’y de volonté ni de force qu’en Dieu, le Tout Puissant ». J’ai avancé ensuite vers Sourash Rassoul et je lui ai donné l’accolade. J’ai fait de même avec Kachine Dom, pour me trouver, enfin, face à Ronca Cham, qui pleurait. Elle séchait ses larmes avec ma koufia qu’elle sentait et avec laquelle elle rafraîchissait son visage. Une fois calmée, elle fit quelques pas en arrière vers le vaisseau. Elle continua son recul avant de se retourner vers l’escalier. Elle fit un signe de ses mains et elle cria : « Je reviendrais dans deux mois et je n’ai d’autre dessein à cet endroit que toi. À bientôt ».

Quelques secondes après, l’espace d’où elle est venue la cachait et les deux vaisseaux disparurent en même temps. En effet, l’un des frères a pris le premier vaisseau alors que j’avais espéré qu’il restât sur place comme témoin de mon histoire. Quelle ne fut pas ma surprise, en recherchant les traces de cet incident profondément ancré dans mon âme et dans mon cœur, d’être incapable de trouver autre chose qu les empreintes de mes pas. Même ceux produits lors de l’atterrissage des engins s’étaient nivelés et leurs traces effacées. Quel ne fut pas mon étonnement lorsque, revenu sur le lieu où je pensais trouver le cadavre du vilain, il n’y avait plus que des restes de cendre noire que le vent se chargeait de disperser. J’étais perplexe et si désorienté qu j’ai fini par me résigner et que j’ai faillit perdre la raison.

J’ai quitté cet endroit enchanté, l’esprit emporté par cet incident, cherchant à l’analyser et à en connaître le secret.

Nonobstant l’étrangeté de ce qui me troublait et l’amertume et la tristesse que je ressentais, j’écartais de ma pensée tout ce qui pouvait mettre en doute la véracité de ce qui s’est produit, et je rejetais toute idée selon laquelle il ne s’agissait en fait que de chimères, ou de simples illusions qui ont fini par prendre corps et qui sont apparues sous l’effet de la tragédie et des soucis permanents.





1 La préférence des États-Unis en dépit du fait qu’ils aident Saddam et qu’ils inspirent sa tyrannie. Il est regrettable de voir l’opposition arabe trouver refuge auprès de ses ennemis alors qu’elle n’en trouve pas dans les pays arabes et islamiques. Car le démon agent est pire que le démon original, plus inique et plus oppresseur.

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