vendredi 2 août 2013

Le Jihad secret

Le Jihad secret

Le commandement général de l’État Major des forces armées, et sous diverses pressions et craintes, a jugé utile de me transférer à la section des affaires administratives. Leur motif derrière cette décision était de m’éloigner des contacts directs avec les masses, même si certains y ont vu une façon de me faire éviter une décision plus grave encore. Les rapports secrets de l’ennemi au sujet de mes activités suspectes, mes agissements étranges et mes attitudes indisciplinées, avaient commencé à créer des embarras que le commandement trouvait difficile d’y échapper sans position ferme ou décision sûre.

Ceci ne m’a mi gêné ni ennuyé, même s’il a soulevé l’indignation de la clique croyante des officiers qui me soutenaient. Que ne fut pas leur étonnement lorsqu’ils ont vu que la mesure du commandement n’a eu aucun effet sur moi, et que cet effet ne dépassait pas l’impact d’un moustique débarquant sur une montagne.

Lorsqu’on me posera la question au sujet de mon attitude, ma réponse sera claire et décisive : rien sur terre ni au ciel ne peut se produire sans la volonté du Dieu des mondes. J’ai terminé en appelant à une réunion urgente au cours de laquelle a été mise au point la stratégie du Jihad secret, selon les conditions nouvelles.

Si seulement l’ennemi savait quelle occasion m’a été donnée et à quel point les horizons de la situation stratégique se sont ouverts devant moi, il aurait su à quel point il a eu tort de précipiter mon transfert et à quel point il a été stupide.

La lumière des cieux et de la terre a éclairé mon conscient[1] devenu totalement lumière.[2] Je me suis levé déterminé, comptant sur Dieu.

Il m’est apparu que toutes les guerres qui ont été conduites depuis le premier désastre de Palestine en 1948 et jusqu’à l’occupation de l’Iraq en 2003, confirment de façon indubitable l’inutilité des armées régulières dans leurs cadres modestes.

En effet, les données techniques en plein développement, les méthodes stratégiques évoluées et monopolisées par l’ennemi principal de l’Islam et des Musulmans[3] ont rendu les armées des mondes arabe et islamique en quasi manque de toutes les armes utiles et efficaces. Ceci modifie les fonctions des armées, il dénature leur image militaire et leur doctrine de combat, et il les tourne vers la confrontation avec les peuples déshérités, les masses opprimées pour étouffer leurs cris, pour les priver de leur droits et de leurs libertés et pour les détourner de leur religion et de leur dignité.

Toutes les confrontations efficaces et ayant eu un impact dans la lutte avec l’ennemi sioniste, depuis le désastre de Palestine et jusqu’à la chute de Bagdad, étaient purement populaires. Elles ont été établies sur la base de la résistance purifiée des défauts des gouvernements. Elles sont même nées à l’ombre de l’opposition à ces gouvernements, à leur connivence et à leurs accusations contre la résistance et ses héros.

J’ai vu, d’autre part, comment les éléments des forces effectives, étaient concentrées entre les mains des peuples qui aspirent à des horizons missionnaires supérieurs, face à l’apathie des gouvernements et à leurs politiques noyées dans les marécages de la honte et du suivisme, qui recourent à des méthodes iniques et interdites pour s’accrocher au pouvoir. Ces gouvernements espionnent les catégories du peuple et ses forces qui bougent ; ils s’activent à les mater et à les opprimer. Ils les menacent, les déplacent, les encerclent et les étouffent, animés par un esprit agressif et une disposition prête à nuire et à confronter les croyants.

C’est ainsi que les gouvernements sont devenus, aux yeux de leurs peuples, pires que leurs ennemis, et ces peuples se sont trouvés entre deux enfers dont le moins mauvais est l’étranger.[4]

Face au pourrissement général qui touche la conscience et les instruments des gens au pouvoir, et des décideurs de la réalité islamique, les horizons doctrinaux, intellectuels et culturels des peuples prenaient de l’extension, pendant que le fossé qui séparait les peuples de leurs gouvernements imposés par la force ne cessait de s’élargir.

Partant de cette réalité, les peuples ont toujours été les premiers à faire face aux défis et aux agressions ; les premiers qui subissent les catastrophes et les calamités, ce qui a fait que leurs forces dans la rue devenaient de plus en plus grandes ainsi que leurs victoires, après que la voie vers le pouvoir leur a été fermée.

Ce qui a renforcé les facteurs de la supériorité populaire résistante et ce qui l’a rendue plus efficace et plus utile que les armées régulières conditionnées et leurs commandements rouillés, c’est leurs victoires continues sur ses ennemis et le fait qu’elle soit devenue un facteur de danger immédiat que les inquiète. Ceci contrairement à ce que les armées ont pris l’habitude de faire comme reculs et retraits, et comme défaites honteuses. Peut-être que les transactions secrètes et les connivences ont-elles joué le rôle principal dans la paralysie de l’efficacité des armées et de leur perte d’élan et d’enthousiasme.

Il reste que ces armées devraient – une partie, voire un individu dans leurs rangs – se lever, venger la religion de Dieu, et mettre fin à ceux qui abusent et à leur pouvoir. Combien n’ai-je pas imploré le Très Haut pour que je sois cet homme là.

Outre la supériorité notoire des données de lutte populaire par rapport au côté militaire régulier dont j’ai parlé plus haut, il y a une donnée fixe et essentielle que Dieu seul peut arrêter et écarter ; il s’agit, après l’engagement total envers Dieu, de l’existence des matières premières et de tout ce qui est indispensable à la résistance populaire pour la vie quotidienne courante, qui permettent aux experts et aux artisans, aux étudiants de sciences naturelles et de mathématiques, de produire des armes et des bombes primitives, des explosifs, etc. de sorte que l’agression devienne une entreprise vouée à l’échec et que le mérite revienne, en premier, à la foi et à la volonté. Dieu le Très Haut a laissé les choses liées à ces deux facteurs quelles que soient l’injustice, l’oppression et l’agression.

J’ai trouvé après moult examen et réflexion que le point de départ essentiel du mouvement du changement est la purification des forces qui mettent en mouvement les masses, et les forces de la vie active et la mise à l’écart des gouvernants.

Si  ces forces n’atteignent pas un degré élevé de dignité et d’affranchissement,  et si elles ne défendent pas leur nation, elles seront inutiles, soumises aux gouvernants qui passeront dessus pour atteindre leurs objectifs.

Je n’ai pas oublié – en dessinant la voie de la résistance – le côté du traitement médical, le secteur hospitalier, la nécessité d’y avoir une armée de volontaires, car l’ennemi juif américain est à nos portes, que cet ennemi est traître et lâche et que les lâches s’attaquent aux civils sans armes et ils fuient devant les combattants.










[1] La lumière des cieux et de la terre, c’est Dieu le Très Haut : « Dieu est la lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est comparable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un verre ; le verre est semblable à une étoile brillante. Cette lampe est allumée à un arbre béni, l’olivier qui ne provient ni de l’Orient ni de l’Occident et dont l’huile est près d’éclairer sans que le feu ne la touche … » [La lumière, 35].
[2] « Lumière sur lumière, Dieu guide vers sa lumière qui il veut. Dieu propose aux hommes des paraboles. Dieu connaît toute chose » [La Lumière, 35].
[3] L’ennemi principal est l’Amérique sioniste.
[4] Toutefois, ceci ne justifie pas qu’un individu ou un groupe s’appuie sur l’étranger incrédule pour changer la situation, car c’est cet étranger qui est le démon qui a inspiré les oppresseurs, qui les a aidés et à qui ils ont préparé la voie pour son occupation.

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