Le Jihad secret
Le commandement
général de l’État Major des forces armées, et sous diverses pressions et
craintes, a jugé utile de me transférer à la section des affaires
administratives. Leur motif derrière cette décision était de m’éloigner des
contacts directs avec les masses, même si certains y ont vu une façon de me
faire éviter une décision plus grave encore. Les rapports secrets de l’ennemi
au sujet de mes activités suspectes, mes agissements étranges et mes attitudes
indisciplinées, avaient commencé à créer des embarras que le commandement
trouvait difficile d’y échapper sans position ferme ou décision sûre.
Ceci ne m’a mi
gêné ni ennuyé, même s’il a soulevé l’indignation de la clique croyante des
officiers qui me soutenaient. Que ne fut pas leur étonnement lorsqu’ils ont vu
que la mesure du commandement n’a eu aucun effet sur moi, et que cet effet ne
dépassait pas l’impact d’un moustique débarquant sur une montagne.
Lorsqu’on me
posera la question au sujet de mon attitude, ma réponse sera claire et
décisive : rien sur terre ni au ciel ne peut se produire sans la volonté
du Dieu des mondes. J’ai terminé en appelant à une réunion urgente au cours de
laquelle a été mise au point la stratégie du Jihad secret, selon les conditions
nouvelles.
Si seulement
l’ennemi savait quelle occasion m’a été donnée et à quel point les horizons de
la situation stratégique se sont ouverts devant moi, il aurait su à quel point
il a eu tort de précipiter mon transfert et à quel point il a été stupide.
La lumière des
cieux et de la terre a éclairé mon conscient[1] devenu totalement lumière.[2] Je me suis levé déterminé,
comptant sur Dieu.
Il m’est apparu
que toutes les guerres qui ont été conduites depuis le premier désastre de
Palestine en 1948 et jusqu’à l’occupation de l’Iraq en 2003, confirment de
façon indubitable l’inutilité des armées régulières dans leurs cadres modestes.
En effet, les
données techniques en plein développement, les méthodes stratégiques évoluées
et monopolisées par l’ennemi principal de l’Islam et des Musulmans[3] ont rendu les armées des
mondes arabe et islamique en quasi manque de toutes les armes utiles et
efficaces. Ceci modifie les fonctions des armées, il dénature leur image
militaire et leur doctrine de combat, et il les tourne vers la confrontation
avec les peuples déshérités, les masses opprimées pour étouffer leurs cris,
pour les priver de leur droits et de leurs libertés et pour les détourner de
leur religion et de leur dignité.
Toutes les
confrontations efficaces et ayant eu un impact dans la lutte avec l’ennemi
sioniste, depuis le désastre de Palestine et jusqu’à la chute de Bagdad,
étaient purement populaires. Elles ont été établies sur la base de la
résistance purifiée des défauts des gouvernements. Elles sont même nées à
l’ombre de l’opposition à ces gouvernements, à leur connivence et à leurs
accusations contre la résistance et ses héros.
J’ai vu, d’autre
part, comment les éléments des forces effectives, étaient concentrées entre les
mains des peuples qui aspirent à des horizons missionnaires supérieurs, face à
l’apathie des gouvernements et à leurs politiques noyées dans les marécages de
la honte et du suivisme, qui recourent à des méthodes iniques et interdites
pour s’accrocher au pouvoir. Ces gouvernements espionnent les catégories du
peuple et ses forces qui bougent ; ils s’activent à les mater et à les
opprimer. Ils les menacent, les déplacent, les encerclent et les étouffent,
animés par un esprit agressif et une disposition prête à nuire et à confronter
les croyants.
C’est ainsi que
les gouvernements sont devenus, aux yeux de leurs peuples, pires que leurs
ennemis, et ces peuples se sont trouvés entre deux enfers dont le moins mauvais
est l’étranger.[4]
Face au
pourrissement général qui touche la conscience et les instruments des gens au
pouvoir, et des décideurs de la réalité islamique, les horizons doctrinaux,
intellectuels et culturels des peuples prenaient de l’extension, pendant que le
fossé qui séparait les peuples de leurs gouvernements imposés par la force ne
cessait de s’élargir.
Partant de cette
réalité, les peuples ont toujours été les premiers à faire face aux défis et
aux agressions ; les premiers qui subissent les catastrophes et les
calamités, ce qui a fait que leurs forces dans la rue devenaient de plus en
plus grandes ainsi que leurs victoires, après que la voie vers le pouvoir leur
a été fermée.
Ce qui a
renforcé les facteurs de la supériorité populaire résistante et ce qui l’a
rendue plus efficace et plus utile que les armées régulières conditionnées et
leurs commandements rouillés, c’est leurs victoires continues sur ses ennemis
et le fait qu’elle soit devenue un facteur de danger immédiat que les inquiète.
Ceci contrairement à ce que les armées ont pris l’habitude de faire comme
reculs et retraits, et comme défaites honteuses. Peut-être que les transactions
secrètes et les connivences ont-elles joué le rôle principal dans la paralysie
de l’efficacité des armées et de leur perte d’élan et d’enthousiasme.
Il reste que ces
armées devraient – une partie, voire un individu dans leurs rangs – se lever,
venger la religion de Dieu, et mettre fin à ceux qui abusent et à leur pouvoir.
Combien n’ai-je pas imploré le Très Haut pour que je sois cet homme là.
Outre la
supériorité notoire des données de lutte populaire par rapport au côté militaire
régulier dont j’ai parlé plus haut, il y a une donnée fixe et essentielle que
Dieu seul peut arrêter et écarter ; il s’agit, après l’engagement total
envers Dieu, de l’existence des matières premières et de tout ce qui est
indispensable à la résistance populaire pour la vie quotidienne courante, qui
permettent aux experts et aux artisans, aux étudiants de sciences naturelles et
de mathématiques, de produire des armes et des bombes primitives, des
explosifs, etc. de sorte que l’agression devienne une entreprise vouée à l’échec
et que le mérite revienne, en premier, à la foi et à la volonté. Dieu le Très
Haut a laissé les choses liées à ces deux facteurs quelles que soient
l’injustice, l’oppression et l’agression.
J’ai trouvé
après moult examen et réflexion que le point de départ essentiel du mouvement
du changement est la purification des forces qui mettent en mouvement les
masses, et les forces de la vie active et la mise à l’écart des gouvernants.
Si ces forces n’atteignent pas un degré élevé de
dignité et d’affranchissement, et si
elles ne défendent pas leur nation, elles seront inutiles, soumises aux
gouvernants qui passeront dessus pour atteindre leurs objectifs.
Je n’ai pas
oublié – en dessinant la voie de la résistance – le côté du traitement médical,
le secteur hospitalier, la nécessité d’y avoir une armée de volontaires, car
l’ennemi juif américain est à nos portes, que cet ennemi est traître et lâche
et que les lâches s’attaquent aux civils sans armes et ils fuient devant les
combattants.
[1] La lumière des
cieux et de la terre, c’est Dieu le Très Haut : « Dieu est la
lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est comparable à une niche où se
trouve une lampe. La lampe est dans un verre ; le verre est semblable à
une étoile brillante. Cette lampe est allumée à un arbre béni, l’olivier qui ne
provient ni de l’Orient ni de l’Occident et dont l’huile est près d’éclairer sans
que le feu ne la touche … » [La lumière, 35].
[2] « Lumière
sur lumière, Dieu guide vers sa lumière qui il veut. Dieu propose aux hommes
des paraboles. Dieu connaît toute chose » [La Lumière, 35].
[4] Toutefois, ceci
ne justifie pas qu’un individu ou un groupe s’appuie sur l’étranger incrédule
pour changer la situation, car c’est cet étranger qui est le démon qui a
inspiré les oppresseurs, qui les a aidés et à qui ils ont préparé la voie pour
son occupation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire