Six mois à peine
après le décès de ma mère, la maison qui était la Qibla des arrivants et des
partants, le lieu de rencontre des gens du clan, des amis et des voisins, s’est
transformée en un lieu de solitude où le silence avait seul la parole et où il
n’y avait de mouvement que le silence et le calme imposants.
Les idées et les
concepts ont commencé à traverser mon esprit les jours et les nuits, et une foi
missionnaire a commencé à prendre forme. L’image de l’Islam s’est clarifiée
dans mon esprit ainsi que le devoir qu’imposent mes responsabilités à son
égard.
Mon père – Dieu
ait son âme – était résolu à me voir officier des forces armées pour réaliser,
avec moi, ce qu’il n’a pu réaliser lui-même contre les forces sionistes qui ont
laissé au fond de son esprit un défi, et qui ont laissé sur son épaule gauche,
une blessure datant de la guerre de Palestine. Mon oncle qui avait pour moi une amitié inégalée
et qui entrevoyait en ma personne un projet que mon père n’avait pas deviné,
voyait les choses sous un angle différent, influencé par ses pratiques
jihadistes et ses aspirations constantes à mourir en martyr. Pour lui, les
armées régulières modestes, mal équipées, sans doctrine, qui ont pour seul
souci la défense des régimes et l’oppression, sont absolument inutiles.
Son désespoir
relativement aux gouvernements était tel qu’il les a classés dans la catégorie
des ennemis. Il ne voulait pas que je rentre dans un système dans lequel il ne
voyait pas de chance pour l’Islam tant que ce système est là. Il ne voyait même
aucune chance pour la vérité sans son renvoi et sans sa destruction.
Il s’est mis à
me guider, à m’enrichir l’esprit, à m’entraîner, avant de mourir et de laisser
un véritable vide. Je me rappelle encore ses derniers mots, quelques jours
avant son meurtre : je vais te quitter, Sabil, vers un destin. Si je
reviens, nous aurons à parler de ton cas ; si je ne reviens pas, et si le
destin est mon martyr que j’aime et que je souhaite, fais ce que ton père désirait,
mais n’oublies pas la Vérité… puis il m’a passé le Livre de Dieu que j’ai
embrassé en pleurant, et je l’ai entendu ajouter : je te recommande d’en
prendre soin toute la vie. Si le Coran est ton compagnon, vas là où tu veux et
sois ce que tu veux, car avec sa lumière tu seras sur le droit chemin.
J’ai trouvé dans
ses paroles une autorisation à rentrer à l’Académie militaire, mais accompagné
d’un Coran. Ceci a été conforme à la recommandation de mon père et il a trouvé
une satisfaction au fond de mon esprit.
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