samedi 3 août 2013

Chapitre Premier&L’Emigration vers la Floride


Chapitre Premier

L’Emigration vers la Floride



Je passais ma sieste, étendu sur une dune de sable mélangé à de la misère, représentée par les décombres et les taudis vidés des traces de la vie et des vivants. Je pensais à ce qui était hier des ruines et qui était devenu un mirage et des destructions totales. En dessous de ces monticules à la merci des vents, artificiellement créées par l’homme, reposent les cadavres de ma mère et de ma sœur qui se sont élevées vers le Miséricordieux comme des martyrs et qui résident involontairement sous les décombres de notre pauvre quartier, au cours de l’une de ces campagnes de génocide que le régime cancéreux qui s’accroche à l’Iraq a lancée contre les Musulmans qui se sont révoltés contre son injustice et sa tyrannie, au Sud, en particulier et ce, sous les yeux indifférents de la communauté internationale, et une tolérance de la part des Etats-Unis d’Amérique, le sponsor des méfaits et des intrigues sur terre1.

Quant à mon père, il a précédé les martyrs de la famille auprès du Compagnon Supérieur lorsqu’il a refusé de tendre la main à l’injustice, de baisser sa tête et d’abaisser son honneur et sa dignité. Il a choisi le martyr au cours d’une escarmouche courageuse avec une poignée d’agent de l’escadron de la mort lorsqu’ils l’ont surpris dans son Mihrab, en train de prier, qui se sont ensuite retirés avec trois de leurs collègues tués et qui sont repartis avec les conséquences de sa mort et du crime perpétré contre lui, l’Imam sage[1].

J’étais ainsi, en train de me rappeler les malheurs, et de causer avec les décombres et les ruines, lorsque mon oncle est venu[2] me surprendre avec la nouvelle de sa décision d’émigrer pour aller travailler dans l’État de Floride, aux Etats-Unis. J’ai été envahi par l’idée qu’il allait partir avec toute sa famille et ceux sous sa garde – comme moi qui n’avait plus de parents que mon oncle, après que tous les autres membres de ma famille soient devenus des martyrs, des exilés ou des détenus – et qu’il quittait la patrie du cancer – le régime de Saddam incrusté dans la réalité de l’Iraq – pour aller dans la mâchoire du démon. J’ai failli étouffer et m’égarer dans le désert de ma peine et de mon silence, lorsque mon oncle est venu mettre sa main gentiment, sur mon épaule, et qu’il a dit : c’est, mon enfant, la décision de celui qui n’a pas un autre choix. Nous n’avons plus de quoi subsister et notre situation est telle que tout espoir est perdu, de même que nos moyens de patienter et de supporter. Et il n’y a de force qu’en Dieu le Tout Puissant. Ce qui est pire, c’est que nous serons privés d’une grande partie de nos pratiques religieuses et de nos rites, ceci nous donne une excuse infime pour le séjour et donne à l’émigré la qualité des croyants moujahidines.

Mon pauvre oncle est parti, abattu et embarrassé, la fatigue apparaissant sur sa marche titubante, au-dessus du sable. L’effet de sa décision est resté très lourd et il s’est mis à se transformer en moi et à se développer ; à tel point qu’il est devenu une autre personne en mon être, augmentant avec mes soucis et accompagnant l’engagement pris envers mon Dieu, de me venger des injustes et d’arracher l’œil du monstre humain américain.

Je me suis mis à passer en revue les images de la vie en mouvement, habité par la tristesse, fixé par les épreuves. J’ai souhaité, un moment, être pris par le sommeil pour m’endormir, ou que me revienne en mémoire, un fait quelconque qui dissipe tout le reste. La peur était devenue une partie inhérente de nous ; les soucis étaient devenus si grands qu’ils nous ont poussés à rechercher le refuge du diable, qui les a appelés et qui leur a intimé l’ordre de nous maltraiter et qu’ils ont fait[3].

J’ai pensé que si l’injustice de Saddam était une calamité, l’injustice de l’Amérique était pire, que son agression était plus méchante et plus générale ; et que si par hasard j’avais en main les rênes du pouvoir, et si ma volonté devait prendre une décision, je serais resté sur le sol iraquien que j’aurai irrigué de mon sang. Je lui aurai fait respirer la brise de la révolution comme un feu qui consume le visage des saddamistes iniques, de leurs alliés américains et de leurs autres alliés.

J’ai caché ce désir comme détermination et volonté ferme et j’ai sollicité l’aide de Dieu afin qu’il me donne la force de la victoire grâce à sa bonté.



1 Chaque fois que Saddam a commis une injustice, l’Amérique y avait sa part et son butin, et aucun d’eux n’a jamais porté du tort à l’Iraq sans que son frère diabolique ou son partenaire cancéreux ne soient de connivence. L’Amérique a fermé les yeux sur les méfaits et les crimes de Saddam pour trouver un prétexte pour envahir l’Iraq, comme elle l’a fait lors de sa campagne agressive contre le Koweit au début des années quatre vingt dix, cette campagne qui a porté les Etats-Unis aux sources de l’énergie et des artères de la vie arabe. L’Amérique a même fait montre de renardise en laissant faire les événements du 11 septembre, lorsqu’elle s’est abstenue de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la série des préparatifs du coup de la Qaïda afin de trouver un prétexte qui justifie ses intentions d’attaquer le monde islamique, de mettre la main sur les sources de l’énergie et de protéger Israël, le fruit des relations adultères de l’Occident sionisé avec le judaïsme despote. L’Amérique avait auparavant, vers la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, fermé les yeux de manière délibérée sur les préparatifs de l’attaque aérienne japonaise contre la flotte américaine à Pearl Harbour afin de trouver un prétexte qui lui permette de lancer les deux bombes de Hiroshima et Nagazaki. Il a été, en effet, révélé que le commandement américain était au courant de l’attaque japonaise qui, de décision était devenue de véritables préparatifs, et ce, quelques jours avant l’attaque. L’Amérique nous a habitués à révéler beaucoup de documents importants après les catastrophes.
[1] Mon père, Dieu ait son âme, était l’Imam du quartier et son prédicateur. Il était connu pour son courage, sa générosité, sa science et sa piété.
[2] L’Amérique est d’après moi, et selon le testament de mon père, un monstre humain qui agit avec un cerveau infernal, une conscience juive ; qui voit avec un œil au milieu de son visage et qui ne voit jamais du bien sur terre. Ce monstre humain est celui qui a rempli la terre de terreur lors du septième voyage de Sindbad.
[3] Le refuge du diable: c’est à dire l’Amérique. C’est elle, en effet, qui a invité le régime de Saddam, à pratiquer l’injustice. Elle l’a utilisé pour fabriquer ses prétextes et ses justifications pour les invasions. C’est elle qui lui a ordonné de nous disperser puis elle a ouvert ses portes devant nous pour laisser le champ arabe libre devant le flux sioniste.

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